Comores : le président Azali Assoumani annonce un référendum constitutionnel et de probables élections anticipées
À la tête de l’archipel des Comores depuis 2016, Azali Assoumani a annoncé une réforme des institutions, suivie d’une probable élection présidentielle anticipée dans le courant de l’année 2019. Un scrutin auquel le président entend bien se présenter.
« Je propose un processus de modification [de la Constitution] pour assurer la stabilité et le développement du pays », a déclaré samedi 28 avril Azali Assoumani, lors d’une allocution radiotélévisée. Une révision qui prendra la forme d’un référendum courant juillet, destiné à modifier l’organisation des pouvoirs publics, dont vraisemblablement la présidence.
Dès le lendemain de son allocution, le président comorien a profité d’une visite de terrain à Anjouan, une des trois îles de l’archipel de l’océan Indien dont il est originaire, pour évoquer la tenue d’élections anticipées.
« Ouvrir une nouvelle page de notre histoire »
« Le chef de l’État a indiqué que si le référendum sur les modifications constitutionnelles était approuvé, il y aurait une série d’élections et qu’il serait lui-même candidat », a confirmé lundi à l’AFP un de ses conseillers. « Il n’y a pas de doute, il faut s’attendre à une nouvelle élection présidentielle », a-t-il ajouté sous couvert d’anonymat.
Une source proche du palais présidentiel de Beit-Salam a confirmé à l’AFP que ce scrutin aurait « probablement » lieu dès le premier trimestre de l’année prochaine. Azali Assoumani devrait tenir une conférence de presse lundi 30 avril en fin de journée, selon la même source.
Concernant la réforme institutionnelle, le chef de l’État n’a donné aucun détail sur son contenu, se contentant de déclarer « qu’il s’agit d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire de notre pays […] et d’assurer un meilleur avenir à notre peuple ».
Vers une réforme de la présidence tournante ?
Mais il a toutefois précisé qu’il souhaitait « mettre en œuvre les recommandations des Assises nationales » qui se sont tenues à Moroni en février pour tirer le bilan des 43 ans de l’indépendance de l’archipel de l’océan Indien.
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Celles-ci s’étaient conclues sur un plaidoyer pour une réforme des institutions, dont celle de la présidence tournante entre les trois îles qui forment l’Union des Comores (Anjouan, Grande Comore et Mohéli).
Ce mécanisme complexe, qui date de la Constitution de 2001, a permis de stabiliser les Comores. L’archipel était jusque-là secoué par des crises séparatistes et des coups d’État à répétition, dont le dernier remonte à 1999, et avait porté au pouvoir un certain… Azali Assoumani.
Officier de carrière, l’actuel président était arrivé aux commandes par un putsch présenté a posteriori comme une interposition de l’armée pour prévenir une guerre civile, alors que le pays traversait une crise sécessionniste (1997-2001). Azali Assoumani était resté au pouvoir jusqu’en 2006, avant de le céder démocratiquement à Ahmed Abdallah Sambi, nouvellement élu.
Accusé de dérive autoritaire
Azali Assoumani était ensuite revenu au pouvoir en 2016, au terme d’un scrutin chaotique et contesté. Cette élection avait nécessité l’organisation inédite d’un troisième tour de scrutin dans une douzaine de bureaux de vote d’Anjouan, pour départager les deux candidats arrivés en tête.
Depuis plusieurs mois, le chef de l’État essuie les vives critiques de ses adversaires politiques, qui l’accusent de dérive autoritaire. Dernier épisode en date : la suspension à la mi-avril de la plus haute juridiction du pays, la Cour constitutionnelle, en raison d’un « nombre incomplet de juges ».
« On est sorti des limites de la démocratie », s’était insurgé Youssouf Boina, secrétaire général de l’Union pour le développement des Comores (UPDC), un des deux principaux partis d’opposition. « Le président a dissous l’ordre constitutionnel au profit d’un ordre monarchique », avait-il déploré.
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