Algérie : « Génération Bouteflika », nouveau comité de soutien au cinquième mandat
Le FLN a mobilisé des organisations estudiantines afin de faire campagne pour le président. Les partis de l’opposition dénoncent une « recrutement éhonté de jeunes à des fins électoralistes ».
Qui l’aurait imaginé ? Les comités de soutien au cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika se mettent en ordre de marche avant même que le concerné n’exprime sa volonté de se porter ou non candidat à la présidentielle de 2019. Après l’Organisation nationale des zaouïas (confrères religieuses), l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), le Forum des chefs d’entreprise (FCE) qui ont apporté leur caution « inconditionnelle» au président, c’est au tour de plusieurs organisations estudiantines de se rassembler au sein d’une coordination baptisée « Génération Bouteflika ». Son agenda : Faire campagne pour son mentor.
Cette initiative annoncée en grande pompe, samedi 28 avril, par le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbas, regroupe des organisations estudiantines rattachées au parti présidentiel à l’instar de l’Union nationale des étudiants algériens (UNJA), l’Alliance pour le renouveau estudiantin national (AREN), l’Union nationale des étudiants algériens (UNEA), la Ligue nationale des étudiants algériens (LNEA), l’Organisation nationale de solidarité estudiantine (ONSE) et Solidarité nationale estudiantine (SNE).
1,7 million d’électeurs
Ce vivier électoral représente, à en croire un membre du bureau politique du FLN, pas moins de 1,7 million d’étudiants. « C’est le rêve de Bouteflika qui se concrétise aujourd’hui ! », martèle sans cesse à son entourage Ould-Abbas.
Ce n’est pas la première fois que des organisations estudiantines battent campagne pour Bouteflika. Elles l’ont fait pour chacun de ces quatre précédents mandats. Depuis, leur nombre qui étaient d’à peine 480 000 n’a cessé d’augmenter.
L’initiative du FLN est un recrutement éhonté de jeunes à des fins électoralistes
« C’est très grave ce qui se passe encore aujourd’hui. On utilise les institutions et les moyens de l’État au profit d’un seul candidat. On ne veut pas organiser un scrutin libre auquel tout le monde aspire depuis 1962 (l’indépendance, ndlr) », déplore Ali Laskri, membre du Front des forces socialistes (FFS, opposition). Il se souvient d’avoir fait face à l’instrumentalisation de l’université à des fins électorales lorsqu’il avait dirigé en 1999 – année de l’élection de Bouteflika – la campagne du défunt leader du parti, Hocine Ait-Ahmed, dans la wilaya de Boumerdes (à l’est d’Alger).
« L’initiative du FLN est un recrutement éhonté de jeunes à des fins électoralistes », fustige Yacine Aissiouane, chargé de la communication au sein du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, opposition). Selon lui, elle veut faire oublier le record de longévité de Bouteflika à la tête de l’État algérien.
Jeudi 4 mai, le RCD organise le premier « congrès de la jeunesse progressiste » au siège de la mutuelle des matériaux de construction à Zéralda, près d’Alger. Il regroupera plus d’un millier de militants issus de différentes régions du pays. « À la différence du FLN, notre but est de préparer ces jeunes à prendre des responsabilités au sein du parti, les faire parler sur les questions qui les concernent directement », s’enorgueillit le parti.
Abdelaziz Bouteflika n’a pas pris la parole en public depuis son hospitalisation en France en 2013, à la suite d’un AVC. Son dernier discours public remonte à mai 2012 à Sétif, lorsqu’il avait laissé entendre qu’il faudrait déléguer la gouvernance du pays à la jeune génération.
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