« Ce que je crois », de Denis Christel Sassou Nguesso : un premier pas vers la présidentielle au Congo ?
Député et fils du chef de l’État congolais, Denis Christel Sassou Nguesso a dévoilé ce mercredi, devant les jeunes, à Brazzaville, les grandes lignes de « Ce que je crois », un livre dans lequel il livre sa « vision du Congo de demain ». Un projet de société en vue d’une prochaine présidentielle ?
Se verrait-il hériter du trône ? Au Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir), tout comme dans les formations politiques de l’opposition, beaucoup estiment que Denis Christel Sassou Nguesso endosserait bien le costume de chef de l’État lorsque son père, Denis Sassou Nguesso, aura décidé de se retirer. Lui-même n’a jamais exclu cette éventualité. « Avant d’être fils du président, je suis un citoyen congolais », affirmait-il à JA il y a quatre ans.
Dans son livre Ce que je crois (clin d’œil implicite aux réflexions hebdomadaires de Béchir Ben Yahmed, fondateur du groupe Jeune Afrique ?), qu’il présentait au public le 2 mai à Brazzaville (et qu’on trouve en libre téléchargement sur son site), Denis Christel Sassou Nguesso ne laisse pas entrevoir ses intentions. Il se contente de peindre son « Congo de demain ».
Il existe de très nombreux talents dans notre pays qui ne demandent qu’à s’épanouir
« Mon ambition : faire qu’à terme, de moins en moins de personnes restent au bord du chemin, exclues, alors qu’il existe de très nombreux talents dans notre pays qui ne demandent qu’à s’épanouir si on leur donne les moyens », écrit le députéd’Oyo, réélu à près de 100 % lors des législatives de juillet 2017.
« Exemplarité des élites » ?
Déjà très présent dans le secteur économique au Congo-Brazzaville – il est, entre autres, administrateur générale de la Congolaise de raffinage (Coraf) et occupe des postes-clés au sein de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) -, « Kiki le pétrolier », comme on le surnomme, pousse désormais son avantage sur le terrain politique. Court-circuitant quelques caciques du PCT, il est parvenu à faire élire quelques jeunes députés dans l’hémicycle. Et prêche l’« exemplarité des élites » face aux « antivaleurs » : « corruption, détournement, cupidité, concussion, fraude, paresse, vol, ou même incivisme », énumère-t-il dans son livre.
« Je suis convaincu qu’une société qui ne se donne pas les moyens appropriés de vaincre les maux dont elle souffre va inexorablement à sa perte, écrit-il […]. Je m’inscris dans une vision qui est celle du Congo demain ».
>>> A LIRE – Pour un Partenariat mondial en faveur de la jeunesse (Tribune de Denis Christel Sassou Nguesso)
Aujourd’hui pourtant, son propre nom est évoqué dans certains scandales financiers qui éclatent au grand jour. En 2016, par exemple, le fils du chef de l’Etat était cité dans l’affaire des « Panama Papers », notamment pour ses liens avec le négociant du pétrole Jean-Philippe Amvame Ndong et le cabinet Mossack Fonseca. Ce que l’intéressé a toujours nié.
Sans nous substituer à l’État, nous avons décidé d’accompagner les jeunes espoirs
Dans les 64 pages de son livre, Denis Christel Sassou Nguesso ne revient pas sur ces affaires. À la tête de la fondation Perspectives d’avenir depuis 2012, il préfère insister sur « l’éducation et la formation permanente ». « On évoque la sortie d’une économie pétrolière et la nécessaire diversification de l’économie. Nous ne pouvons nous résoudre à attendre la hausse des cours du baril sans un changement profond du système de pensée », préconise l’auteur.
Candidat à la présidentielle ?
Ce que je crois, c’est enfin un bilan des réalisations de Perspectives d’avenir. Bourses d’études à l’étranger, « formations qualifiantes », construction d’hôpitaux de campagne, campagne de vaccination contre le cancer du col de l’utérus, en partenariat avec l’Association Solidarité Cancer et l’Organisation mondiale de la santé (OMS)… « Sans nous substituer à l’État […], nous avons décidé d’accompagner les jeunes espoirs, les talents de demain appartenant à des milieux démunis », justifie-t-il.
Et Denis Christel Sassou Nguesso de conclure : « Nous avons encore un long chemin à parcourir pour poursuivre les actions engagées, en finaliser certaines et entreprendre de nouveaux projets. » Un rendez-vous avec ses compatriotes congolais au sommet de l’État ? La question lui a été ouvertement (re)posée mercredi, lors de la présentation de son livre. « Jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas dit quelque part que je faisais acte de candidature pour 2021, mais cela ne veut pas dire que dans l’avenir du Congo, je ne serai jamais candidat à une élection présidentielle », a-t-il répondu. Comme à JA en 2014.
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