Burundi : les radios BBC et VOA suspendues à deux semaines du référendum
Alors que la campagne pour le référendum constitutionnel du 17 mai vient de s’ouvrir au Burundi, le Conseil national de communication a décidé de suspendre les radios BBC et Voice of America pour six mois à compter du 7 mai.
![Le président burundais Pierre Nkurunziza au défilé militaire à l’occasion de la fête de l’Indépendance du Burundi, le 1er juillet 2015, à Bujumbura. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/03/29/sipa_ap21759170_000001.jpg)
Le président burundais Pierre Nkurunziza au défilé militaire à l’occasion de la fête de l’Indépendance du Burundi, le 1er juillet 2015, à Bujumbura. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA
Hasard du calendrier ou pas, vendredi 4 mai, au lendemain de la journée mondiale de la liberté de la presse et à 13 jours d’un référendum constitutionnel controversé, le Conseil national de communication (CNC) a annoncé une série de sanctions à l’encontre de plusieurs médias nationaux et internationaux.
Le communiqué de l’autorité de régulation des médias au Burundi cite notamment des « manquements à la loi régissant la presse et à la déontologie professionnelle » pour motiver la décision de suspendre la diffusion de la BBC et de Voice of America (VOA) pour une durée de six mois, à compter du 7 mai. VOA est accusé d’avoir diffusé des informations « très tendancieuses » et avoir engagé un journaliste « recherché par la justice burundaise ».
Breaking: in further repressive move, #Burundi suspends BBC radio, VOA, for six months, issues official warning to RFI for “tendentious and false” coverage. #FreedomofExpression pic.twitter.com/TK99T8fa14
— joanne mariner (@jgmariner) May 4, 2018
La BBC, déjà avertie en début de semaine par le gouvernement qui l’accusait de propager « des déclarations incendiaires appelant les Burundais à la haine et la subversion », est sanctionnée pour « avoir fait fi » de cette mise en garde et diffusé des propos, tenus par un invité, « portant même atteinte à la réputation du chef de l’État ».
RFI a reçu pour sa part une « mise en garde » pour « traitement jugé tendancieux et mensonger ». Deux stations burundaises, Isanganiro et la CCIB FM+ ont également reçu un avertissement du CNCà propos d’un manque de « vérification rigoureuse des sources d’information ».
« C’est un symbole »
Ces sanctions interviennent trois jours après le début de la campagne pour le référendum constitutionnel polémique. Si le « oui » l’emporte, Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005 et actuellement à mi-chemin de son troisième mandat, pourrait se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034.
Les anciens régimes n’avaient jamais osé fermer la BBC, même durant la guerre civile
La suspension des radios BBC et VOA va frapper essentiellement leurs émissions quotidiennes en kirundi (langue nationale du pays) sur la FM. Ces émissions sont très suivies depuis des décennies, notamment dans le monde rural où la population ne parle en grande majorité que la seule langue nationale.
« C’est un symbole, car même les anciens régimes n’avaient jamais osé fermer la BBC, même durant la guerre civile alors qu’elle donnait la parole aux rebelles, aujourd’hui au pouvoir dans notre pays », a réagi un responsable de média local, sous couvert d’anonymat.
« Le gouvernement burundais vient de décider de les (BBC et VOA) faire taire alors qu’on est en pleine campagne électorale, probablement pour que les Burundais n’entendent pas ceux qui prônent le non ou le boycott lors du référendum », a-t-il accusé.
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