Côte d’Ivoire : retour sur le bras de fer entre Randgold et les employés de la mine d’or de Tongon

La plus grande mine d’or de Côte d’Ivoire est menacée de fermeture d’ici cinq ans. Une perspective qui a déclenché un mouvement de grève, suspendu depuis qu’un accord a été conclu entre Randgold et les syndicats, alors que l’entreprise vient de révéler que la production du site a chuté de 25 % au cours des 4 premiers mois de 2018.

Usine de la mine d’or de Tongon, en Côte d’Ivoire, exploitée par la compagnie Randgold (devenu Barrick ; photo d’illustration). © Olivier pour JA

Usine de la mine d’or de Tongon, en Côte d’Ivoire, exploitée par la compagnie Randgold (devenu Barrick ; photo d’illustration). © Olivier pour JA

Publié le 10 mai 2018 Lecture : 3 minutes.

Les employés de la mine d’or de Tongon ont repris le travail, après pas moins de 40 jours de grève depuis le début de l’année, mais les syndicats restent en négociation avec la direction du site de Randgold. En cause : de fortes inquiétudes sur l’avenir de ce site aurifère situé près de la frontière avec le Mali, dans le nord du pays, qui devrait fermer d’ici 5 ans, à en croire l’étude de faisabilité réalisée par Randgold.

Les employés demandaient des garanties quant à leur avenir après la fermeture du site, ainsi que le paiement d’un bonus de 500 000 francs CFA (762,2 euros). A la mi-avril, la conclusion d’un protocole d’accord avec Randgold a conduit à la suspension de la grève. L’entreprise a accepté de payer un bonus de 400 000 francs CFA aux 729 employés du site, « sur la base de leur performance et de leur motivation ».

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Négociations en cours

Joints par Jeune Afrique, les responsables syndicaux, comme la direction, ont préféré taire le contenu exact des négociations en cours, arguant de la confidentialité qui recouvre les discussions entre les deux parties. Une chose est sûre : le gouvernement s’est directement impliqué dans les discussions, pour parvenir rapidement à une sortie de crise.

Nous ne pouvions pas laisser la crise perdurer

Souleymane Diarrassouba, le ministre des Mines et de l’Industrie par intérim, s’est notamment personnellement saisi du dossier, de même que des autorités locales de la ville de Mbengué, dans la région de Korhogo, le fief électoral du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly où est implantée la mine de Tongon. Un comité de médiation paritaire a été mise en place. « La mine de Tongon rapporte beaucoup à l’État en termes de recettes fiscales et de royalties. Nous ne pouvions pas laisser la crise perdurer », explique une source proche du dossier.

Impact sur la production

Mark Bristow lors d'une présentation au Nasdaq, à New York, le 15 mai 2006. © Mark Lennihan/AP/SIPA

Mark Bristow lors d'une présentation au Nasdaq, à New York, le 15 mai 2006. © Mark Lennihan/AP/SIPA

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Le 28 avril, à l’occasion d’un passage à Abdijan, Mark Bristow, PDG de Randgold, a mis en avant les pertes subies par l’entreprise du fait de la grève, qu’il estime à 18,5 millions d’euros. Il s’est également inquiété des conséquences sur le volume de production sur 2018. En effet, l’entreprises a abaissé sa prévision de production annuelle de 300 000 onces en 2018 à 290 000.

Rangold, immatriculée à Jersey et dirigée par le Sud-Africain Mark Bristow, est le premier producteur d’or d’Afrique francophone, avec 1,685 millions d’onces en 2017. Le groupe sous-traite l’exploitation de sa mine de Tongon à la Tongonaise des Mines (TOMI), une filiale du groupe Bouygues, dont dépend la quasi-totalité des employés du site.

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Le 10 mai, dans son rapport financier trimestriel, qui révèle une chute du bénéfice global de l’entreprise de 22 %, Randgold explique que « Tongon a produit 58 155 onces d’or au premier trimestre 2018, en baisse d’un quart par rapport au précédent trimestre en raison d’arrêts de travail entraînés par des grèves, liées principalement aux employés du sous-traitant minier TOMI ».

Randgold prévoit de dépenser 10 millions d’euros pour l’activité d’exploration

En 20 ans de présence dans le pays, Randgold a contribué à hauteur de 500 milliards FCFA (760 milliards d’euros environ) à l’économie ivoirienne, en comptant taxes, royalties, dividendes et salaires pour une production cumulée de 54 tonnes d’or, selon son PDG. La compagnie possède plus d’une dizaine de permis d’exploration détenus en partenariat avec plusieurs entreprises locales et internationales, telles que Endeavour Mining ou encore Newcrest. En 2018, l’entreprise prévoit de dépenser 10 millions d’euros pour l’activité d’exploration.

Tongon est l’une des principales mines d’or du pays, après celles de Ity (ouest) et Agbaou (centre-ouest), deux sites exploités par Edeavour Mining. Les autres mines d’or du pays sont celles de Sissengue (Nord), exploitée par Perseus Mining, et Bonikro (centre-ouest), de Newcrest Mining.

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