S.O.S. Coton

Cours mondiaux à la baisse, chute de la production, rendements insuffisants Le secteur de l’or blanc est sinistré. Et doit être réorganisé d’urgence.

Publié le 31 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Au Mali, le coton représente près de 10 % du PIB et fait vivre 3,3 millions de personnes. Il est d’autant plus urgent de se pencher sur le secteur que celui-ci est sous perfusion. « La réorganisation de la filière est nécessaire, mais depuis l’annonce de la privatisation de la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT), prévue en 2006 puis reportée à 2008, les problèmes s’accumulent, tandis que les cours mondiaux sont à la baisse », résume un observateur. De 620 000 tonnes sur la campagne 2003-2004, la production est tombée à 589 000 tonnes en 2005, et les prévisions pour 2005-2006 tablent sur 535 000 tonnes, contre 610 000 espérées. « Les pluies ont été insuffisantes durant la période des semis », argumente Mamadou Touré, de la CMDT. Bien que recevable, cette explication est incomplète. Semences de faible qualité, intrants trop chers, parcelles trop petites, sols insuffisamment fertilisés et non irrigués, pistes rurales mal entretenues, paysans désabusés, sureffectif de la CMDT le coton malien souffre avant tout de ne pas être rentable. Le rendement de 1 tonne par hectare est sans commune mesure avec les 3 tonnes assurées au Brésil ou en Chine. « Nous semons du coton et nous récoltons des déficits comblés par le gouvernement », reconnaît le chef de l’État, Amadou Toumani Touré. L’année dernière, les pertes se sont élevées à 68 milliards de F CFA (103,6 millions d’euros).
Pour inverser la tendance, l’État, la CMDT et le Groupement des syndicats cotonniers et vivriers du Mali (GSCVM) se sont entendus, en janvier 2005, sur un nouveau mécanisme pour fixer le prix d’achat aux producteurs. « Pour favoriser le développement durable de la filière, respecter l’équilibre des différents acteurs, les inciter à améliorer leurs performances respectives et limiter les risques budgétaires », ce prix d’achat n’est plus déterminé en fonction du coût de production mais des cours mondiaux. En 2004-2005, les cotonniers ont écoulé leur récolte à 210 F CFA le kg. Ce tarif avantageux leur a assuré un revenu, mais il a creusé le trou de la CMDT, placée dans l’incapacité de s’aligner sur la concurrence internationale. Cette année, le prix est de 160 F CFA, tandis que le coût de production moyen est estimé à 187 F CFA le kg. Soit une perte de 27 F CFA. « Les producteurs inefficaces vont devoir faire autre chose. Le Trésor public ne peut indéfiniment boucher les trous », avertit Tiéna Coulibaly, de la Mission gouvernementale de restructuration du secteur coton.
Voilà pour le premier étage de la réforme. Deuxième étape, la privatisation de la CMDT. Même si de nombreuses incertitudes pèsent encore, le Mali se dirigerait vers une division en quatre zones géographiques. Reprenant ainsi le modèle burkinabè. Le schéma idéal serait de convaincre un opérateur privé différent pour chaque région, qui détiendrait le monopole de la filière afin d’en assurer la rentabilité. À charge pour lui de travailler en synergie avec les paysans, d’acheter leur récolte, d’assurer l’entretien des pistes, d’effectuer l’égrenage et de vendre la fibre. Sur le papier, le projet semble séduisant.

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