Maroc : l’OCP récupère sa cargaison de phosphate sahraoui saisie en Afrique du Sud

L’Office chérifien des phosphates (OCP) a annoncé mardi 8 mai avoir « récupéré pour un dollar symbolique » une cargaison de 55 000 tonnes mise aux enchères en Afrique du Sud après sa saisie sur plainte du Front Polisario.

Livraison par OCP d’une cargaison de 32000 tonnes d’engrais phosphatés en Tanzanie,  le 26 février 2018. © DR / OCP

Livraison par OCP d’une cargaison de 32000 tonnes d’engrais phosphatés en Tanzanie, le 26 février 2018. © DR / OCP

Publié le 8 mai 2018 Lecture : 2 minutes.

« Nous l’avons récupérée pour un dollar symbolique », a dit à l’AFP Otmane Bennani Smires, le directeur juridique de l’Office chérifien des phosphates, groupe public marocain. L’Afrique du Sud avait arraisonné le 1er mai 2017 un cargo parti de Laâyoune, au Sahara occidental, alors qu’il faisait escale à Port-Elizabeth (sud-est) vers la Nouvelle-Zélande.

Les indépendantistes sahraouis du Front Polisario avaient au préalable porté plainte devant un juge local contre ce transport, illégal selon eux, et obtenu la saisie de la cargaison du Cherry Blossom, battant pavillon des îles Marshall.

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Aucun acheteur

Un tribunal sud-africain avait ordonné en mars la vente aux enchères du phosphate transporté, décision considérée par l’OCP comme un « acte de piraterie politique ». Selon le directeur juridique de l’OCP, « aucun acheteur n’a légitimé la vente, ni le titre que la cour (sud-africaine) a octroyé au Polisario ».

Il semble que personne n’était intéressé par l’achat du phosphate

Le capitaine du port de Port Elizabeth, Brynn Adamson, a confirmé mardi que « le cargo avait quitté le port hier (lundi) ».

« Il semble que personne n’était intéressé par l’achat du phosphate », a ajouté un porte-parole de la société Rennies, chargée du fret à Port Elizabeth. « Le cargo a été autorisé à partir car tous les papiers étaient en ordre », a-t-il ajouté.

« Entorse aux principes du droit »

La vente judiciaire de 55 000 tonnes de phosphate s’est « soldée par un échec », s’est félicité l’OCP dans un communiqué, en dénonçant la saisie comme une « grave entorse aux principes élémentaires du droit menaçant la liberté du commerce international ».

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« L’armateur s’est porté acquéreur de la cargaison en s’acquittant des seuls frais de l’adjudicateur judiciaire et l’a restituée à son propriétaire », Phosboucraa, dont le site se trouve au Sahara occidental, le tout pour un dollar symbolique, a ajouté le groupe OCP, dont Phosboucraa est une filiale.

>>> A LIRE – Engrais : OCP, quelle stratégie en Afrique ?

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Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est le dernier territoire africain dont le statut colonial n’a pas été réglé.

Il est majoritairement contrôlé par le Maroc, qui propose une autonomie sous sa souveraineté. Soutenu par Alger, le Polisario réclame un référendum d’autodétermination, prévu au moment du cessez-le-feu de 1991 mais qui n’a jamais pu être organisé. Comme l’Algérie ou Cuba, l’Afrique du Sud est un soutien historique du Front Polisario.

Le Polisario revendique « une victoire politique »

Ces derniers mois, le Polisario a engagé plusieurs actions judiciaires pour bloquer l’exportation des ressources locales du Sahara occidental.

>>> A LIRE – Antonio Guterres : « Le conflit sur le Sahara occidental n’a que trop duré, il faut y mettre un terme »

Dans un communiqué, le Polisario a indiqué mardi qu’il comptait entreprendre des actions similaires dans d’autres pays que l’Afrique du Sud « contre des entreprises qui achètent du phosphate sahraoui ».

Interrogé par l’AFP, Mhamed Khadad, haut responsable du Front Polisario, a estimé que cette affaire était « une mise en garde contre tous ceux qui participent au pillage des ressources sahraouies ». « C’est une victoire politique et juridique », a-t-il jugé.

L’exploitation des phosphates et de ses dérivés, notamment les engrais, est un secteur clé de l’économie marocaine – près du quart des exportations du pays -, selon des chiffres officiels. L’OCP a réalisé en 2017 un chiffre d’affaire de à 48,5 milliards de dirhams (environ 4 milliards d’euros), en hausse de 14% comparé à 2016.

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