Sérénité à court terme
Julien Clemençot est journaliste.
Hydrocarbures : les juniors locales au relais
Stable depuis plus de deux ans, le brut a perdu plus de 20 % de sa valeur ces quatre derniers mois. Il s’échange depuis une semaine à moins de 85 dollars (62 euros). Deux raisons expliquent cette chute soudaine.
Tout d’abord le ralentissement de l’économie mondiale, à commencer par la Chine. Ensuite, l’effondrement du prix du brut, dont l’origine se trouve outre-Atlantique. En effet, la montée en puissance du pétrole de schiste a permis aux États-Unis de diminuer nettement leurs importations en 2014 sur un marché bien approvisionné. L’excédent atteint 500 000 barils par jour, soit environ le niveau de la production libyenne, qui a repris en juin après des mois d’interruption.
Stabiliser les cours
Les regards se tournent aujourd’hui vers l’Arabie saoudite, figure tutélaire de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Plusieurs membres demandent à Riyad, qui met sur le marché un tiers de la production de l’Opep, de réduire sa production pour stabiliser le cours. Mais ses dirigeants estiment pour le moment qu’ils n’auraient rien à y gagner.
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Fermer les vannes du royaume reviendrait à perdre des parts de marché, mais surtout à garantir à ses concurrents des niveaux de prix qui faciliteraient le développement de leurs capacités futures. D’un point de vue géopolitique, la chute du cours leur offre en plus un petit bonus en affaiblissant le rival iranien.
Sur le continent, l’Angola, le Nigeria, l’Algérie ou la Libye sont directement concernés. Aucun n’équilibrera son budget si le baril est vendu à moins de 90 dollars. Mais on est encore loin d’une crise majeure pour les grands pays producteurs africains. D’une part parce que la plupart n’avaient pas élaboré leurs prévisions sur la base d’un prix élevé.
Abuja, par exemple, misait en 2014 sur un pétrole vendu moins de 80 dollars, tout comme l’Algérie. D’autre part parce que même pour un pays comme l’Angola, qui a pris cette année pour référence un baril à 98 dollars, le contexte n’a rien de catastrophique. Certes, son budget devrait passer dans le rouge, mais ses finances étaient positives lors des quatre derniers exercices. Et sa dette publique, qui représentait 34,6 % du PIB en 2013, reste supportable.
La démonstration vaut aussi pour le Nigeria, la Guinée équatoriale, le Tchad. Il n’y a donc pas encore péril en la demeure.>
Retard
Reste que cette baisse, si elle devait s’installer au-delà du premier trimestre de 2015 sous la barre des 80 dollars, risque de ralentir la mise au jour et l’entrée en production de nouveaux réservoirs. Les gisements ultra-profonds peuvent présenter des coûts de revient supérieurs à 60 dollars, laissant peu de marge aux compagnies. Un problème pour des États, qui, bien qu’ayant entamé la diversification de leur économie, demeurent encore dépendants des revenus pétroliers.
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