Municipales en Tunisie : les indépendants, nouvelle force « politique » ?
Les listes indépendantes ont récolté 32,3 % des suffrages aux municipales du 6 mai, devançant les islamistes de Ennahdha (28,6 %) et le parti laïc Nidaa Tounes (20,8 %). Une sanction contre ces deux partis au pouvoir ?
Dans les heures qui ont suivi le scrutin du 6 mai, le parti islamiste Ennahdha semblait être arrivé en tête des premières élections municipales libres en Tunisie. Mais lors de la conférence de presse organisée le 9 mai au soir pour annoncer les résultats préliminaires, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) a annoncé que les listes indépendantes étaient arrivées en tête avec 32,27 % des sièges, contre 28,64 % pour Ennahdha. Le parti présidentiel Nidaa Tounes recueille quant à lui 20,85 % des sièges. L’Isie a rappelé l’autre tendance majeure de ce scrutin : une abstention massive à hauteur de 64,4 % selon les chiffres les plus récents.
La percée des indépendants
Le taux de participation, environ deux fois plus faible que lors des élections législatives de 2014, semble indiquer un désaveu de la coalition au pouvoir entre les islamistes d’Ennahdha et les conservateurs de Nidaa Tounes. La percée des listes indépendantes indique la même dynamique. Dans plusieurs localités, les « istiqlalioun » (indépendants) passent devant ou talonnent les deux partis dirigeants.
À Kerkennah, c’est une liste indépendante, Kolouna Kerkennah, qui arrive en tête, ainsi qu’à Kelibia et dans bien d’autres villes
À Mahdia, la liste Manara Mahdia se glisse juste derrière celle d’Ennahdha, à quelques voix près. À Kerkennah, c’est une liste indépendante, Kolouna Kerkennah, qui arrive en tête, ainsi qu’à Kelibia et dans bien d’autres villes encore. Selon des observateurs, un certain nombre de listes indépendantes seraient proches d’Ennahdha ou du Front populaire, coalition d’extrême gauche qui n’a pas présenté de listes dans tout le pays.
Mais bien d’autres candidats aux municipales semblent se tenir à l’écart des formations politiques les plus puissantes du moment et sont ainsi célébrés. Dans la banlieue tunisoise, à La Marsa, le candidat indépendant Slim Meherzi a recueilli quelque 35 % des suffrages. Une importante percée, comparable à celle de Fadhel Moussa, un ancien militant d’Ettakatol, qui a de son côté créé la surprise à Ariana. Sa liste, Al Afdhal, est elle aussi passée devant les deux principaux partis tunisiens. Les deux hommes n’ont pas manqué d’attirer le regard des médias tunisiens et étrangers.
Ennahdha en tête chez les urbains
Les islamistes, eux, se sont le plus souvent confectionnés une belle place dans les villes. Ainsi, concernant la municipalité de Tunis, Ennahdha arrache 21 sièges sur 60, contre 17 pour Nidaa et 10 pour les listes indépendantes.
Ennahdha arrive en tête à Sfax, Bizerte, Kairouan, Gabès ou Gafsa
Le parti a ainsi remporté la première place à Sfax, deuxième plus grande ville du pays, mais aussi à Bizerte, Kairouan ou encore Gabès et Gafsa. La sahélienne et réputée bourguibienne Monastir revient en revanche à Nidaa Tounes.
La surprise « Tayyar »
Autre surprise, certes moins porteuse de conséquences, une petite formation se hisse à la quatrième place dans différentes localités : le Courant démocrate, dit « Tayyar », qui est une scission du Congrès pour la République (CPR), ex-parti présidentiel aujourd’hui fondu au sein du mouvement Al-Irada, toujours dirigé par l’ancien chef de l’État Moncef Marzouki.
À Douz, le Courant démocrate arrive à la quatrième place
À Douz, ville du Sud qui vit au rythme de l’industrie pétrolière, le Courant démocrate, dirigé par le député Ghazi Chaouachi, arrive à la quatrième place. Il obtient un siège à Hammamet, trois à Ksour Essef, et quatre à Ezzouhour, soit autant qu’Ennahdha. Le fondateur du parti, Mohamed Abbou, ancien secrétaire général du CPR, a fustigé à plusieurs reprises dans des médias nationaux l’alliance entre Ennahdha et Nidaa Tounes.
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