Maroc : qui pour succéder à Ilyas El Omari à la tête du PAM ?
Le chef de l’opposition quittera la tête du Parti authenticité et modernité le 26 mai. Mais la question de sa succession n’a pas encore été tranchée.
Ça y est, il part. Ilyas El Omari l’a juré croix de bois croix de fer, mardi 8 mai, lors d’une réunion du Parti authenticité et modernité (PAM, libéral), principal parti d’opposition au Maroc. « Je démissionne de mon poste de secrétaire général, je m’en vais… mais je resterai toujours militant au sein de mon parti », a-t-il déclaré à Jeune Afrique à l’issue de cette réunion censée préparer l’élection de son successeur le 26 mai lors d’un Conseil national extraordinaire.
C’est nous qui l’avons poussé à partir !
Même si certains de ses camarades « ont cherché à le retenir », il a dit « non », affirme-t-il. Il n’aime pas « s’éterniser dans le pouvoir ». Il se sent « attaché », « emprisonné ». Tant qu’il a une fonction officielle, il ne peut pas « aider les gens comme il veut ».
« C’est nous qui l’avons poussé à partir ! « , riposte Abdellatif Ouahbi, un de ses détracteurs, qui ont mené campagne depuis qu’il a annoncé sa démission, en août dernier. « Il a voulu partir, qu’il s’en aille ! », lâche-t-il.
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Le 7 août 2017, dans le sillage de la colère royale déclenchée par la contestation populaire dans le Rif – fief électoral du PAM -, celui qui préside la région Tanger-Tétouan-El Hoceima a annoncé sa démission surprise. Il s’est estimé visé par le discours royal qui avait sévèrement pointé la défaillance de la classe politique dans la gestion de ces contestations.
Surpris par son élan chevaleresque, ses collègues au parti lui ont alors demandé de garder son poste le temps qu’ils trouvent son successeur. Mais ses opposants sont aussitôt sortis du bois pour l’accuser de vouloir jouer à « retenez-moi, je suis sur le départ ! ». Ils lui ont demandé de respecter sa parole et de partir, comme il a promis de la faire.
Jouer la montre
Mais le 23 octobre, un Conseil national du parti réuni en urgence l’enjoint officiellement de garder son poste jusqu’à la tenue du prochain conseil « au vu des défis qui attendent le parti ». » Il ne pouvait pas partir comme ça. Dans n’importe quelle entreprise, il faut un préavis pour gérer la transition », argumente Fatima- Zahra Mansouri, présidente du Conseil national du parti.
Depuis cette date, Ilyass savoure secrètement cette décision qui a mis en exergue sa popularité. Il savait, cependant, qu’elle était purement tactique. Si ses collègues ont décidé de la garder, c’est parce qu’ils attendaient les résultats du Congrès national des islamistes du Parti justice et développement (PJD) de décembre.
Il voulaient savoir si Abdelilah Benkirane, leur rival politique numéro 1, allait rempiler pour un troisième mandat ou pas. Benkirane et El Omary sont des ennemis notoires. Ils se sont livrés à plusieurs reprises à des joutes oratoires. Pour faire face à Benkirane, il fallait un dinosaure de son acabit.
Il y avait aussi les conservateurs de l’Istiqlal, alliés des islamistes, et dont le secrétaire général, Hamid Chabat, guerroyait contre les siens pour garder son poste. Il a fini par céder face à Nizar Baraka qui s’est empressé de positionner la formation nationaliste dans le camp de l’opposition, deuxième après le PAM.
Le casse-tête de la succession
Maintenant que le paysage politique est redevenu clair, plus besoin du soldat Ilyas El Omari. « Il peut partir, puisque c’est son choix », estiment ses collègues.
Celui qui dirige la formation depuis 2016, lui permettant d’arriver deuxième aux élections législatives d’octobre 2016, va donc passer le relais le 26 mai. Mais qui pour lui succéder ?
Personne dans le PAM ne s’avance sur le sujet. Fatim-Zahra El Mansouri, la plus en vue, ne peut pas postuler car elle est déjà présidente du Conseil national. Mustapha Bakkoury et Mohamed Biadillah ont, eux, déjà été secrétaires généraux du parti. Les autres n’ont pas la carrure d’Ilyas. Le casse-tête s’apprête à être difficile à résoudre.
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