3 questions à Brigitte Bocoum

Spécialiste en investissements miniers à la Banque africaine de développement.

Publié le 31 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Le développement du secteur minier sur le continent n’est pas un gage de croissance
Brigitte Bocoum : Dans plus d’une quinzaine de pays africains, dont les exportations sont dominées par le secteur minier, les indicateurs macroéconomiques montrent que ce dernier représente seulement en moyenne une faible part de leur PIB et de l’emploi. On pourrait ajouter que pour dix de ces pays, ceux dans lesquels le secteur minier représente plus de 40 % des recettes d’exportation, ce secteur ne constitue en moyenne que 25 % des recettes fiscales ou 5 % de l’activité économique globale. Les pays membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dans lesquels les recettes extérieures proviennent à hauteur de 50 % en moyenne des exportations de produits miniers, correspondent tout à fait à ce profil. Les variables importantes qui influencent la contribution du secteur minier au développement comprennent le niveau d’infrastructure nationale, les coûts de transport, les effets adverses de la pollution, les barrières douanières, les risques politiques, le rôle des économies d’échelle dans le profit des firmes et la structure des marchés d’exportation.

Comment expliquez-vous cet échec ?
D’une manière générale, les obstacles majeurs au développement des économies minières ont été le ?dualisme salarial et technologique, et la stagnation de la production agricole. La plupart des économies minières et pétrolières africaines ont eu tendance à négliger le secteur agricole. S’ajoutent à ces facteurs la taille négligeable des marchés locaux et l’absence de marchés sous-régionaux, la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs et le manque de développement des activités en amont, en l’absence de filières verticalement intégrées. Ensuite, on estime que le secteur minier serait en mesure de contribuer significativement au développement économique et social du continent si les investissements atteignaient un minimum de 3,5 milliards de dollars par an. Un tel montant apparaît tout à fait envisageable. Enfin, il est vrai que les principales compagnies minières en Afrique sont toutes privées et d’origines canadienne, australienne ou américaine, à l’exception de quelques compagnies sud-africaines et maghrébines. Environ 75 % de la production minière africaine est le fait de sociétés privées. Le secteur public joue aujourd’hui davantage un rôle de régulateur. Mais il faut savoir que seules les compagnies minières, les grandes banques locales ou internationales et les partenaires institutionnels sont aujourd’hui capables de fournir les capitaux requis pour la mise en valeur du patrimoine minier africain.

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La nature cyclique des revenus miniers n’empêche-t-elle pas tout développement durable ?
Aujourd’hui, la quasi-totalité de la production minérale de l’Afrique est destinée à l’exportation. Mais, à l’instar des autres produits de base, celle-ci demeure vendue à des cours déterminés par les marchés mondiaux, sur lesquels le continent exerce très peu d’influence. La pression des mécanismes des marchés mondiaux est d’autant plus sensible qu’aucune action unilatérale ou concertée n’a d’influence durable sur l’évolution des prix. Aussi convient-il de mettre en place des stratégies plus adaptées aux mécanismes des marchés à travers, d’une part, des réformes vers une meilleure compétitivité et, d’autre part, la recherche des conditions de réalisation de meilleures opérations de ventes sur le marché international.

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