Pitié pour le Liban

Publié le 31 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

De Tripoli à Nouakchott, le scénario est le même : les yeux rivés sur le petit écran, les gens suivent en direct sur Al-Jazira le déroulement de l’opération « Juste punition » lancée le 12 juillet par l’armée israélienne contre le Liban. Partout aussi au Maghreb, les réactions populaires sont, à peu près, les mêmes : commisération pour les malheurs du Liban et des Libanais ; condamnation de « l’agresseur » israélien et de son « complice » américain, mais aussi dénonciation du « mutisme honteux » des régimes arabes.
Cibles affichées de Tsahal, le Hezbollah et son charismatique leader, le cheikh Hassan Nasrallah, sont portés au pinacle même si quelques journaux se montrent beaucoup plus réservés à l’égard de la formation chiite, allant même jusqu’à lui reprocher ses « provocations » anti-israéliennes. « Cela fait soixante ans que cela dure, les mêmes qui attendent la victoire du Hezbollah ont cru aux communiqués d’un Sahhaf en Irak ou au rendez-vous de Nasser, le 4 juin 1967, à Tel-Aviv » écrit Aujourd’hui le Maroc sous le titre « Les fous sont fatigants ».
Comme d’habitude, les partis politiques et les ONG de la société civile ont vite tenté de canaliser la colère des masses. Ainsi étaient-ils des milliers à assister, le 21 juillet, au centre de Nouakchott, au meeting organisé par la toute nouvelle Coalition des forces du changement démocratique (CFCD) qui regroupe dix formations politiques favorables à la rupture des relations diplomatiques établies en 1999 entre la Mauritanie et l’État hébreu.
Le même jour à Tripoli, la fondation Kadhafi pour les uvres caritatives, présidée par Seif el-Islam, fils et dauphin putatif du « Guide », a rassemblé et surtout encadré autant de manifestants criant « Mort à Israël, ennemi des peuples ! » Un cri de rage repris, trois jours plus tard, par des dizaines de Marocains devant le siège du Parlement à Rabat. Leader des islamistes du PJD, Saad Eddine el-Othmani, principal animateur du sit-in, avait, la veille, dit pis que pendre de Tel-Aviv et de Washington devant des centaines de participants à un congrès extraordinaire de son parti. Une marche devait avoir lieu, dimanche 30 juillet, dans la capitale du royaume. « On saura alors si le conflit israélo-arabe mobilise encore avec la même force la rue marocaine », estime-t-on à Rabat.
Les Tunisiens ne sont pas en reste. Cinq mille d’entre eux ont parcouru le 24 juillet l’avenue Mohammed-V, en plein cur de Tunis, en scandant des slogans hostiles à Israël et favorables à un « arrêt immédiat » des hostilités. Cette fois-ci, la manifestation était l’affaire de tout le monde. Les représentants du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD au pouvoir) ont ainsi côtoyé les dirigeants du Parti démocratique progressiste (PDP) de l’opposant Néjib Chebbi. En Algérie, par contre, les autorités se sont opposées à l’organisation d’une marche souhaitée par les islamistes du Mouvement de la société pour la paix (MSP, ex-Hamas), pourtant membre de la coalition gouvernementale. Raison ? Depuis les violents débordements d’une manifestation prokabyle à Alger en 2001, aucune marche publique n’est autorisée dans la capitale.
Pour le reste, les dirigeants algériens ont épousé l’attitude observée dans les autres capitales maghrébines : condamnation de la politique de force d’Israël, appel à un cessez-le-feu immédiat et solidarité avec le peuple libanais. Solidarité que certains, comme le Maroc, ont exprimée en envoyant une importante aide humanitaire au pays du Cèdre.

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