On achève bien le Moyen-Orient

Moi, Libanais, je remercie Israël
– Je remercie Israël de vouloir aider le Liban à se débarrasser du Hezbollah et de faire appliquer la 1559 par la force. Mais pourquoi Israël, défendant les résolutions de l’ONU, n’a jamais appliqué la 242 ? Je remercie le gouvernement américain pour son refus d’un cessez-le-feu immédiat et pour son soutien, logistique et politique, à Israël ; ça fait peut-être partie de la mise en application du plan « paix et démocratie au Proche-Orient » ! Les négociations libanaises internes, entamées depuis des mois avec le Hezbollah et cherchant son désarmement par la voie politique, ne sont peut-être pas assez « démocratiques » aux yeux des pays « démocratiques ». Je remercie également les pays arabes d’avoir unanimement jeté l’anathème – exclusivement – sur le Hezbollah ! Enfin, je remercie l’Europe pour sa prise de position politique n’osant point condamner l’État juif ! Ma mère, à Beyrouth, m’a dit au téléphone qu’elle n’avait même plus le courage d’appeler ses proches pour prendre de leurs nouvelles. Je me suis demandé si, à 60 ans, elle aurait encore le courage de vivre une nouvelle guerre. Je pense qu’elle n’en a plus la force. Ma mère a utilisé le terme « résistance » pour parler du Hezbollah, elle qui souhaitait son désarmement. Israël l’aura transformé en mouvement de résistance nationale. Comme tous les Libanais, ma mère voulait vivre en paix et rattraper le temps perdu. Notre pays brûle, ses enfants sont déchiquetés, nos mères endeuillées, nos familles chassées
Wissam Halawi, étudiant, Paris, France

Rêve brisé
– Je ne veux pas savoir qui a tort ou raison. Ni qui a tiré le premier. Ce que je veux comprendre, c’est pourquoi on s’acharne sur ce petit pays qui n’a qu’un rêve : vivre en Paix. Il n’a pas de rêve expansionniste, il se suffit de ses 10 452 km2. Il n’a pas d’armes à diriger contre ses voisins. Laissez-le vivre en paix, il a assez souffert, il est meurtri mais debout ! Et il restera debout, ensanglanté, seul face au monde, les yeux tournés vers un avenir d’indépendance et de paix. Est-il permis de rêver ?
Mona Abillama, enseignante de langue française, Beyrouth, Liban

La démocratie ou le néant
– J’anéantirai ta nation et, éventuellement, ta population pour t’offrir la démocratie ! Je saccagerai ton pays, ses ponts, ses ports et aéroports, ses centrales électriques, son blé et son lait, tous ses moyens de communication. Je ferai taire tes radios et tes télés pour te rendre la « liberté ». J’utiliserai des bombes au phosphore, des gaz toxiques, je tuerai ta famille, ton voisin, je TE tuerai pour t’offrir un monde « meilleur ».
Jean-Marie Kouyoumji, hôtelier, Paris, France

La haine, malgré moi
– J’ai quitté Beyrouth quelques jours avant que tout cela ne commence. Je quittais un pays insouciant : j’enviais presque ceux qui restaient. Pour leur joie de vivre, pour tous les succès et les bonheurs d’un pays dont la population a appris à s’aimer et à vivre ensemble. Depuis, les sentiments se succèdent. La peine, l’inquiétude, l’incompréhension, la folle envie de venir en aide – et cette question : que puis-je faire ? Comment arrêter ça ? La haine, aussi, malgré moi. La seule certitude qui me fait surmonter la douleur, quand elle me visite, c’est l’absolue confiance que je place en nous, Libanais, et en mon pays, pour redevenir un symbole de détermination et de liberté, dans une région décidément bien meurtrie. Mais cela ne guérit pas les blessés, et ne fait pas revenir les morts.
Marie-Aimée Germanos, doctorante en linguistique, Paris, France

Ils tirent sur des ambulances
– En tant que chrétienne maronite, je peux vous assurer que chrétiens et musulmans sont solidaires de la résistance libanaise incarnée par le Hezbollah et en ont assez des agressions israéliennes depuis 1967. De nombreux villages chrétiens ont été rasés complètement dans le sud du Liban. Des églises ont été détruites, ainsi que des hôpitaux. Les Israéliens tirent sur des ambulances ! Ils utilisent des armes chimiques non conventionnelles. Le président de l’Ordre des médecins au Liban a lancé un appel aux associations médicales mondiales pour analyser les brûlures anormales que subissent les victimes des attaques. Des familles entières de vrais massacres. Ils ont détruit TOUT notre pays. Ils commettent au vu et au su, et au silence, du monde entier un « payscide ». L’Histoire jugera : les méfaits des États-Unis, ceux de l’Europe, la complicité du monde entier vis-à-vis de la destruction préméditée d’un peuple. L’Histoire jugera donc, a posteriori, le parti pris pour Israël. Plus que jamais, nous, Libanais, resterons unis. Nous serions arrivés nous-mêmes à un accord pour obtenir le désarmement du Hezbollah. Nous n’avions besoin ni des États-Unis ni de l’Europe et encore moins d’Israël. Nous y serions parvenus seuls, lentement mais sûrement.
Diane Madi, chercheuse en histoire, Beyrouth, Liban

La Bible, Israël, la Syrie et l’Égypte
– Prophétie d’Esaïe : « Ainsi l’Éternel frappera les Égyptiens. Il les frappera, mais il les guérira. En ce même temps, il y aura une route d’Égypte en Syrie ; les Syriens iront en Égypte et les Égyptiens en Syrie. Et les Égyptiens avec les Syriens serviront l’Éternel. En même temps, Israël sera, lui, troisième, uni à l’Égypte et à la Syrie ; et ces pays seront l’objet d’une bénédiction. L’Éternel des armées les bénira en disant : Bénies soit l’Égypte, mon peuple, et la Syrie uvre de mes mains, et Israël mon héritage. (Esaïe XIX 19 : 22-25 19).
R.K. Amégninou, Gagnières, France

Tout vient du Hezbollah
– Il y a peu, le Hezbollah a accepté le jeu démocratique et participé aux élections législatives libanaises. Il a aujourd’hui des députés au Parlement. Il aurait dû, avant de s’attaquer à Israël, discuter et prendre l’avis des Libanais quant à l’opportunité de cette attaque avant d’entraîner le Liban dans une aventure désastreuse.
Hichem el-Hajja, Zarzis, Tunisie

« Assassins ! »
– « Assassins ! » C’est ce que lançaient les habitants juifs de Ghivat Shaul aux terroristes de l’Irgoun de Menahem Begin lors des massacres de Deir Yassine, le 9 avril 1948. Aujourd’hui, le peuple israélien oserait-il dire cela à ses dirigeants qui pratiquent les mêmes crimes au Liban et à Gaza ?
Fehri El Hajja, Zarzis, Tunisie

Crime contre l’humanité
– Qui a autorisé le Hezbollah à prendre l’initiative de guerroyer avec Israël ? Pourquoi cette décision unilatérale de la part de Nasrallah qui a sûrement sous-estimé la riposte israélienne, une riposte démesurément folle qui s’apparente au crime de guerre et contre l’humanité. Le grand perdant est le peuple libanais avec des victimes innocentes par centaines et la destruction de ses infrastructures. Un dialogue sincère doit s’instaurer pour tout régler.
Khamsa Sfar, Sejnane, Tunisie

Dirigeants arabes paralysés
– Israël est en train de détruire injustement le Liban et la Palestine sans raison valable. Je suis atterré de voir que, alors que ces deux pays ploient sous les bombes israéliennes, aucun dirigeant arabe ne bouge. Il n’y a plus de solidarité. Les pays du Golfe sont liés par des accords militaires et financiers avec le pays de Bush. Le Liban et la Palestine ne peuvent compter que sur eux-mêmes. On peut croire que le pire ennemi de l’Arabe, c’est lui-même. Seule la démocratie pourra sortir le monde arabe de sa longue agonie.
Boubacar Naoumou Dramé, Karlsruhe, Allemagne

David contre Goliath
– Face à la crise au Proche-Orient, je suis surpris de voir que les juifs, qui ont connu la souffrance, puissent l’infliger à d’autres. Les juifs sont intelligents, ils doivent comprendre que les armes n’apportent pas la paix. Celle-ci se construit chaque jour grâce à des compromis douloureux, à l’image de ce qu’ont fait Gandhi ou Mandela. Arabes de tous les pays, levez-vous comme un seul homme et dites « non » aux Américains. Vous avez les moyens de combattre Goliath.
Atangana T. Michel, Yaoundé, Cameroun

Si la raison dominait
– Le philosophe et moraliste Bernard Fontenelle disait : « Si la raison dominait sur terre, il ne s’y passerait rien ». Toute une sagesse qui montre que le monde actuel a perdu la raison : guerres, maladies incurables, domination économique, « démocraties autocratiques », violations des droits de la personne humaine, injustices, détournements de fonds publics, création de fausses pénuries, flambée des prix du pétrole, spéculation, immoralité, fondamentalismes en tout genre, etc. Comment comprendre les prises de position mitigées, confuses et démagogiques des puissants de ce monde ? Ils protègent leurs alliés en cautionnant leurs forfaits et en déstabilisant ceux qui ne sont pas d’accord avec eux par des manuvres dilatoires sous la fausse bannière des Nations unies ou de la communauté internationale – avec les États-Unis comme chef de file incontesté.
Comment définir le droit dans le monde d’aujourd’hui ? Israël restera-t-il impuni de ses crimes ? Qu’est-ce que le terrorisme ? Les grands de ce monde disent aux petits : « Laisse-toi massacrer sans réagir. Si tu ripostes, tu es un terroriste, un poseur de bombes. » Et comment appelle-t-on ceux qui larguent des tonnes de bombes sur des civils ?
Issaka Amadou, Niamey, Niger

Silence, on tue !
– Nous avons tous vu et continuons de voir à la télé les atrocités commises par l’armée israélienne à Gaza, rendant la vie quotidienne des Palestiniens indigne. Et ce pendant que 4 milliards d’humains se régalaient des matchs de la Coupe du monde de football. « Silence ! On tue » est plus vrai que jamais dans cette guerre asymétrique. Des voix indignées s’élèvent de partout, même du « pauvre » monde arabe, pour dire que ces actions militaires ne représentent pas dans l’absolu la société israélienne et que nombre d’Israéliens sont contre cette guerre et pour une paix durable avec leurs voisins palestiniens. Le mouvement « La paix maintenant » en est l’incarnation. Mais les militaires armés jusqu’aux dents sont envoyés par le gouvernement israélien qui, lui, représente pleinement et légalement le peuple israélien parce que c’est ce même peuple qui a porté Olmert au pouvoir par la voie des urnes. L’un des effets pervers de la démocratie, c’est qu’une fois au pouvoir un président élu et son gouvernement peuvent faire ce qui leur plaît sans tenir compte du sentiment général, fût-il réprobateur. C’est ce que j’appelle « la dictature de la démocratie » ou, avec le célèbre écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, « la démocrature ».
Mme Hind Sfar-Sioud, Mahdia, Tunisie

Barbarie à visage humain
– À quoi rime la politique américano-israélienne au Moyen-Orient ? Les Américains, après avoir bombardé l’Irak, pillé et volé les biens des citoyens de ce pays – tout cela pour des armes de destruction massive fantômes – , menacent aussi d’attaquer l’Iran. L’autodéfense est pourtant un droit légitime pour toute nation. À plusieurs reprises, l’Iran a tenté d’expliquer que son nucléaire sera développé à des fins civiles. Je pense que « la menace de la menace » sur la paix au Moyen-Orient n’est autre qu’Israël. Je cite ce passage de J.A. n° 2359 du 26 mars 2006 (p. 21) : « Des officiers israéliens sont venus à Washington proposer leur soutien à une frappe militaire contre l’Iran. » De quelle façon pensez-vous qu’un démuni puisse se protéger face à son ennemi ? Il utilise les moyens du bord. C’est ce que font les Irakiens et les Palestiniens, et que les autres qualifient d’actes terroristes ou de barbarie. Y a-t-il acte plus barbare en ce IIIe millénaire que d’envahir un pays libre et souverain, le détruire, et tuer son peuple – qui meurt en se demandant quelle faute il a commise pour mériter cela ?
Aucun État n’est à l’abri de ce genre d’oppression Du moins aucun de ceux qui ne possèdent pas l’arme nucléaire. Si les États-Unis attaquent l’Iran, il sera alors temps de dissoudre l’ONU et de revendiquer le droit à l’autodéfense de chaque nation.
Cheick Moustapha Sow, Conakry, Guinée

Vous avez dit terroriste ?
– Israël refuse de négocier avec le Hamas parce qu’il a pour principe de ne pas discuter avec les terroristes. Signe de la fin des temps : ceux qui luttent pour leur dignité sont assimilés, d’après la logique israélo-américaine, à des terroristes ! Mais l’Histoire prouve qu’Israël a eu à sa tête des responsables terroristes, voire des criminels de guerre. À titre d’exemple, Ariel Sharon, qui a sur la conscience l’invasion du Liban et les massacres de Palestiniens (à Sabra et Chatila, Jenine). Menahem Begin, le boucher de Deir Yassine. Ehoud Olmert, le boucher de Gaza et du Liban. Et j’en passe !
C’est quoi au juste la définition du terrorisme dans la logique israélienne ?
Lilia Bachtobji, Aousja, Tunisie