Le fiasco

Publié le 31 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Ce devait être un accord gagnant-gagnant. « Mais aujourd’hui, il n’y a que des perdants », a reconnu le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, après avoir suspendu, le 24 juillet dernier à Genève, les négociations du cycle de Doha. Une suspension sine die qui sonne comme un cuisant échec. Après cinq ans de laborieux pourparlers destinés à libéraliser les échanges mondiaux, les représentants des principales puissances commerciales (Australie, Brésil, États-Unis, Inde, Japon et Union européenne) se sont séparés sur un constat de profond désaccord. Les négociations ne reprendront que lorsque « les pays membres seront prêts à jouer le jeu », ajoute Lamy.
Depuis 2001, l’OMC proposait une forme de deal à ses 149 adhérents. Il s’agissait de faciliter l’accès au commerce mondial pour les plus pauvres via la suppression des subventions agricoles et la levée des barrières douanières des plus riches. En contrepartie, on demandait au Sud d’ouvrir ses marchés prometteurs aux investisseurs du Nord dans les services et l’industrie. Tout cela pouvait paraître alléchant à condition que chacun fasse quelques concessions. Tel ne fut pas le cas, les grandes puissances préférant se déchirer sur l’agriculture, qui ne pèse pourtant que 10 % du commerce mondial.
En raison, notamment, de l’intransigeance de la France, soucieuse de défendre ses paysans exportateurs, Bruxelles a consenti une faible réduction de ses droits de douane. Inflexible, Washington a pour sa part refusé de baisser ses aides agricoles internes, qui dépassent les 19 milliards de dollars par an. Exclus de cette passe d’armes, les pays en développement ont revendiqué un rééquilibrage de la mondialisation et de ses règles. En vain.
Dans l’immédiat, l’échec constaté à Genève remet en cause la suppression, d’ici à 2013, des subventions aux exportations, arrachée de haute lutte lors du sommet de Hong Kong, en décembre dernier. À moyen terme, l’absence de compromis multilatéral ouvre la porte à une multiplication des négociations bilatérales. Cette nouvelle donne risque fort de marginaliser encore un peu plus l’Afrique, qui ne pèse que 2 % du commerce mondial. Les ONG préfèrent croire au sursaut et en appellent à des négociations mettant le développement au cur des préoccupations. L’espoir fait vivre.

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