Mounira Bouzid el-Alami

Présidente de l’association Darna, à Tanger

Publié le 31 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Elle parle, elle parle, et passe parfois du coq à l’âne sans même prendre le temps de respirer. Dès qu’il s’agit de Tanger, sa ville, ou du Maroc, son pays, Mounira Bouzid el-Alami est intarissable. Militante de gauche, elle porte les idées, s’emporte aussi, dénonce encore. Largement à l’abri du besoin – elle est remariée avec un prospère industriel -, elle pourrait se contenter de se prélasser au bord de sa piscine surplombant la mer, à l’ouest de la ville. Mais cet énergique bout de femme, grand-mère comblée de surcroît, s’est assigné une mission : faire grandir son « enfant », Darna, une association à but non lucratif déclarée d’utilité publique en 1995 et qui compte aujourd’hui une cinquantaine d’employés.
« Mounira », comme tout le monde l’appelle, ne néglige rien. Elle reçoit les bailleurs de fonds, les journalistes, les ministres et les présidents (Jacques Chirac en 2005), fait visiter les structures de son association, parle de ses bénéficiaires, les enfants et les femmes, de la misère aussi. L’ONG a commencé par un centre d’accueil pour les enfants des rues. Puis elle a restauré un palais près de la casbah de Tanger, où elle a installé une Maison communautaire dans laquelle plus de 160 adolescents âgés reçoivent, depuis 2000, une formation de leur choix (menuiserie, ferronnerie, boulangerie, etc.), avant de se lancer dans la vie active. Parallèlement, ils participent à des activités culturelles.

Plus récemment, l’équipe de Darna a créé, près du cap Spartel, une « ferme pédagogique » qui initie aux métiers agricoles des adolescents en difficulté qui ont connu la drogue, le vol, la mendicité ou la prostitution. Des éducateurs leur apprennent à s’occuper des arbres fruitiers, à cultiver des plantes potagères, à élever des animaux, à produire du miel et à fabriquer du fromage. Les produits sont ensuite vendus aux visiteurs. Initiés aux différentes facettes de la gestion d’une exploitation, les pensionnaires s’intègrent alors plus facilement en milieu rural.
En juin 2002, Mounira a également lancé une Maison communautaire des femmes, installée dans un commissariat désaffecté en surplomb de la place du Grand Socco, au cur de la ville. Elle propose aux Tangéroises en difficulté des cours d’alphabétisation et des formations plus spécialisées comme le tissage, la couture ou le secrétariat.
L’an dernier, Mounira a rejoint le comité local de sélection des projets de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH). Et tente d’y introduire davantage de « proximité ». « Je suis une adepte du harcèlement, dit-elle. Je demande aux acteurs politiques, économiques et sociaux de faire leur boulot. » Elle les invite notamment à s’intéresser aux quartiers difficiles, à lutter plus efficacement contre le trafic de drogue, à casser le travail informel qui provoque la ruine des sociétés locales, à détruire les immeubles qui, construits sur des terrains meubles, n’ont aucune chance de résister à un tremblement de terre, comme ce fut le cas à Al-Hoceima.

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