Soldats américains tués au Niger : le Pentagone admet des erreurs

Une enquête du Pentagone a conclu jeudi qu’une succession d’erreurs, notamment un manque de préparation et une supervision insuffisante, était à l’origine de la mort de soldats américains et nigériens tués lors d’une embuscade au Niger en octobre 2017.

Le corps d’un des quatre soldats américains tués dans l’embuscade du 4 octobre 2017, rapatrié  aux États-Unis. © Staff Sgt. Aaron J. Jenn/AP/SIPA

Le corps d’un des quatre soldats américains tués dans l’embuscade du 4 octobre 2017, rapatrié aux États-Unis. © Staff Sgt. Aaron J. Jenn/AP/SIPA

Publié le 11 mai 2018 Lecture : 3 minutes.

Le 4 octobre 2017, une patrouille américano-nigérienne tombait dans une embuscade, à une centaine de kilomètres de Niamey, près de la frontière avec le Mali. Cette attaque, qui a causé la mort de quatre Américains et quatre Nigériens, a été menée par des combattants affiliés au groupe État islamique (EI), équipés d’armes automatiques, de grenades et de mitrailleuses. Selon le Pentagone, les militaires n’avaient pas suffisamment préparé cette mission qui n’aurait pas dû être approuvée en l’état.

Le rapport de huit pages rendu public jeudi 10 mai, étant un condensé de l’enquête restée confidentielle, conclut à une combinaison « d’erreurs et [de] faiblesses individuelles, organisationnelles et institutionnelles ».

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Les militaires étaient arrivés à l’automne 2017 pour former l’armée nigérienne et lui fournir une assistance dans la lutte antiterroriste. Mais au moment du déploiement, seule la moitié de l’unité avait eu un entraînement collectif, note le Pentagone.

La mission d’octobre était de « trouver, surveiller et si possible, capturer » un responsable – non identifié par le Pentagone – du groupe jihadiste autoproclamé « Etat islamique dans le Grand Sahara » (EIGS), dirigé par Abou Walid al-Sahraoui.

Tous ces éléments « ont contribué à un manque général de prise de conscience de la situation et de supervision de la part du commandement à tous les échelons »

Des responsables ont précisé plus tard que la cible était Doundoun Cheffou, soupçonné d’être impliqué dans l’enlèvement de l’humanitaire américain Jeffery Woodke en octobre 2016 dans la région de Tahoua (centre). Le sort de l’otage reste inconnu.

Mais, selon l’enquête, le chef de patrouille a « défini de manière inexacte » la nature de cette mission pour qu’elle soit approuvée au niveau local, alors qu’elle aurait dû recevoir le feu vert au niveau du chef de bataillon, basé au Tchad.

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Intervention française

La description de la mission était un copier-coller d’une mission précédente, qu’un « manque d’attention dans les détails » n’a pas permis de détecter. Tous ces éléments « ont contribué à un manque général de prise de conscience de la situation et de supervision de la part du commandement à tous les échelons ».

De plus, l’unité n’a pas fait de répétition ni de simulation de combat avec la patrouille nigérienne avant le départ.

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Le général Thomas Waldhauser, patron du commandement américain pour l’Afrique (Africom), a affirmé lors d’une conférence de presse que l’armée était désormais « beaucoup plus prudente » lors des missions, pour lesquelles les militaires sont mieux équipés et bénéficient d’un soutien aérien renforcé.

Le Pentagone a aussi diffusé une reconstitution en images de synthèse des dix premières minutes de l’attaque, alors que le convoi quittait Tongo Tongo. Les militaires ne portaient pas de gilet pare-balles et ont dû stopper les véhicules afin de les mettre. Le feu ennemi s’est rapidement intensifié alors que les assaillants sortaient d’une zone boisée. L’un des véhicules a été isolé des autres et entouré par les jihadistes.

L’intervention des avions de chasse de l’armée française, qui ont survolé la zone à basse altitude dans une « démonstration de force », a forcé les assaillants à battre en retraite. Si les chasseurs n’ont pas engagé le combat car ils ne connaissaient pas la position des Américains, ils « ont sûrement sauvé la vie des membres survivants » de la patrouille, souligne le Pentagone.

Les avions français « ont éloigné les jihadistes » qui avaient rassemblé les corps de trois militaires tués, a souligné le général Roger Cloutier, chef d’état-major de l’Africom, qui a dirigé l’enquête.

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