Angola : fonctionnaire attend salaire désespérément

Le nouveau président angolais, João Lourenço, promettait un « miracle économique ». Mais les fonctionnaires découvrent d’abord le recouvrement en retard de leur rémunération…

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

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Publié le 11 mai 2018 Lecture : 2 minutes.

En Afrique, s’il y a des fonctionnaires fictifs qui perçoivent un salaire sans qu’aucun travail ne soit effectué, il y a également de studieux agents de l’État qui peinent à percevoir leur dû en temps et en heure. « Pas de ça chez nous », s’enorgueillissaient jusque-là des autorités angolaises ponctuelles dans le versement des émoluments publics. Contrairement à leurs homologues tchadiens ou maliens, les 360 000 travailleurs rémunérés par l’État angolais pouvaient systématiquement compter sur leur traitement entre le 25 et le 27 de chaque mois. Mais ça, c’était avant…

De fait, la ponctualité étatique a bien été prise en défaut en avril 2018. C’est avec deux semaines de retard que les fonctionnaires n’ont reçu qu’une partie de leur salaire. Lorsque mai pointa le bout de son nez et que l’étonnement laissa place à l’agacement, un porte-parole du ministère des Finances indiqua que son département « pensait » conclure les opérations de paiement le 10 mai, soit deux semaines plus tard que d’habitude.

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Cinquième puissance économique de l’Afrique

La pilule est amère à avaler, dans un pays qui fleure bon les parfums de l’or noir et où scintillent les stocks de diamant. Membre de plein droit de l’OPEP, la république d’Angola s’est imposée, en 2014, comme la cinquième puissance économique de l’Afrique, derrière le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Égypte et l’Algérie. Bien sûr, c’est la même année qu’une crise économique a fait son apparition, dans un pays trop dépendant de la bénédiction de l’or noir. Frappé de plein fouet par l’effondrement des cours du pétrole, la diminution des liquidités en devises, le ralentissement des activités bancaires et la persistante difficulté à percevoir certaines recettes fiscales, l’Angola a dû rengainer sa fierté et demander, en 2016, l’aide du Fonds monétaire international (FMI).

Même si le prix du baril de pétrole est tombé à moins de 40 dollars, les caisses de l’État angolais peuvent-elles être aussi vides que les poches de certains pays qui, eux, n’ont même goûté pas au nectar pétrolier ? Il est vrai qu’en dix ans, la croissance économique du pays est passée de 20,2 % en 2006 à dix fois moins. Mais le ministère des Finances affirme ne pas être confronté à des difficultés structurelles de trésorerie. Nul besoin de l’accuser de langue de bois, tant la méthode Coué serait stérile à deux semaines du prochain rendez-vous rémunérateur.

Un argument interloque tout de même : selon le porte-parole du ministère, le bug récent ne serait dû qu’à l’absence du ministre, en déplacement aux États-Unis au moment des faits. Est-ce vraiment le titulaire du maroquin qui distribue lui-même les rémunérations des fonctionnaires ? A-t-il oublié, par mégarde, la clef de la caisse enregistreuse dans sa valise pour Washington ? Fin mai nous le dira…

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