[Tribune] Maroc : le choc du boycott
« Inquiétant », « irrationnel », « inédit ». Le patronat marocain est sous le choc devant l’incroyable « succès populaire » du boycott qui frappe actuellement les marques Sidi Ali (eau), Afriquia (stations-service) et Centrale Danone (lait).
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Julien Wagner
Responsable diversification médias et classements.
Publié le 22 mai 2018 Lecture : 1 minute.
D’après différentes sources au sein du milieu agro-industriel chérifien, l’impact sur les ventes, depuis le début du mouvement, lancé mi-avril via Facebook et Whatsapp, oscillerait entre – 20 % et – 30 % selon les marques concernées. D’abord interdit et dédaigneux face à des revendications jugées floues et incohérentes, le pouvoir économique marocain est aujourd’hui littéralement pétrifié.
Il faut dire que sa communication, qui a fait succéder le silence aux insultes, n’a fait qu’attiser l’incendie, quand, à l’heure du réseau social-roi, la transparence et la réactivité sont les uniques voies de salut.
Inflation réelle
Quoi qu’on pense des logiques du phénomène comme des cibles choisies, une réalité s’impose : le panier de la ménagère a augmenté. Et pour le Marocain de la rue – pas celui caché derrière son écran –, cet accroissement va bien au-delà de l’inflation officielle, limitée à + 0,7 % en 2017 selon le Haut-Commissariat au plan.
En un an, les prix du litre d’huile et de gasoil, du kilo de pommes de terre, de semoule et d’oignons et jusqu’à ceux des vêtements ont tous augmenté. Parfois même de près de 20 %.
>>> A LIRE – Maroc : le Parlement rend public un rapport sur les prix des carburants sur fond de boycott commercial
Une distorsion difficile à accepter quand, en moyenne, un Marocain dépense à peine plus de 1 300 dirhams (116 euros) par mois. À la vérité, il n’y a rien de plus rationnel que l’appel du ventre. Et c’est sans doute cela le plus inquiétant.
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