L’Irak envahit le Koweït

Publié le 31 juillet 2006 Lecture : 3 minutes.

Jeudi 2 août 1990, vers 1 heure du matin (heure locale), des éléments blindés et héliportés irakiens entrent au Koweït. Une demi-heure plus tard, les forces spéciales irakiennes survolent en hélicoptère Koweït-City. L’émir du petit État pétrolier a juste le temps d’évacuer son palais et de se réfugier à l’ambassade des États-Unis. De là, un hélicoptère de l’armée américaine l’emmène à Riyad, en Arabie saoudite. Il y sera rejoint, dans les heures qui suivent, par les autres dignitaires du régime. En l’absence d’une réelle opposition de la part des 16 000 hommes de l’armée locale, les forces irakiennes parviennent à occuper le pays en moins de quatre heures. Les premiers affrontements font néanmoins deux cents morts.
L’armée irakienne a-t-elle envahi l’émirat voisin pour répondre à l’appel d’un « gouvernement provisoire du Koweït libre », qui aurait déposé la dynastie des al-Sabah et leur « régime traître impliqué dans des complots sionistes et étrangers », comme le prétend la propagande irakienne ?
La communauté internationale ne l’entend pas de cette oreille. L’occupation du Koweït est un acte de piraterie internationale. Elle représente un enjeu économique de taille, car la région du Golfe renferme les deux tiers des réserves mondiales d’hydrocarbures. La communauté internationale ne tarde donc pas à réagir.
Ainsi, vers 10 heures, le Conseil de sécurité vote à la quasi-unanimité la résolution 660 demandant le retrait des troupes irakiennes et le rétablissement du statu quo ante. Le lendemain, les ministres soviétique et américain des Affaires étrangères signent un communiqué commun exigeant le retrait irakien, geste inhabituel à l’époque.
De son côté, le président américain George Bush téléphone personnellement à plus de soixante chefs d’État et de gouvernement en quelques jours. But déclaré : constituer une « coalition internationale » face à l’Irak dans la perspective d’une guerre devenue inéluctable. Le 6 août, le locataire de la Maison Blanche signe l’ordre d’engagement de l’opération « Bouclier du désert » pour la libération du Koweït. Le lendemain, les premiers régiments américains de la 82e division aéroportée et des marines arrivent à Dahran, au nord-est de l’Arabie saoudite.
Saddam Hussein, qui ne semble pas évaluer les conséquences de son acte ni l’équilibre des forces, réunit, le 8 août, le Conseil de commandement de la Révolution, qui proclame l’annexion du Koweït. Deux jours plus tard, il lance un appel à la « libération de La Mecque et du tombeau du Prophète, sous la coupe des Américains et des sionistes », en allusion au royaume wahhabite. Il n’en fallait pas tant pour qu’un sommet de la Ligue arabe réuni le 10 août, au Caire, condamne l’Irak et approuve l’envoi de troupes arabes (égyptiennes, syriennes et marocaines) et étrangères.
Il en faut plus pour amener le président irakien à retirer ses troupes du Koweït. En effet, le lendemain, le raïs décide la fermeture des frontières, bloquant ainsi dans son pays 10 000 ressortissants occidentaux, qui sont « hébergés » dans des sites stratégiques pour servir de boucliers humains.
Ces gesticulations braquent davantage la communauté internationale. Ainsi, la veille du déclenchement du conflit – le 16 janvier 1991, dix-neuf heures après la fin de l’ultimatum des Nations unies à Bagdad -, la « coalition internationale » regroupant vingt-neuf pays parvient à réunir une force de 580 000 hommes, 2 500 chars et 1 500 avions de combat : l’armada la plus puissante jamais réunie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
La seconde guerre du Golfe durera un mois. Elle fera, côté irakien, près de 100 000 morts, 10 000 blessés et 86 000 prisonniers. L’Irak y perdra l’essentiel de son armement. Du côté des alliés, on déplorera 387 morts, 3 754 blessés et une quarantaine de prisonniers. Les dégâts matériels sont tout aussi importants : 70 avions, 15 hélicoptères, 18 chars et 2 navires sont détruits. L’uranium appauvri, utilisé par la coalition pour la fabrication d’obus, causera des atteintes durables aux civils et aux militaires des deux camps. Financièrement, le conflit coûtera des centaines de milliards de dollars.
Autres conséquences : l’humiliation du régime baasiste irakien, l’affaiblissement des monarchies du Golfe, l’installation durable des Américains au Moyen-Orient et le renforcement d’Israël et de l’Iran aux dépens des États arabes, qui sont prêts désormais à faire toutes les concessions.

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