Les Éthiopiens à Baidoa

Publié le 31 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Baidoa, 27 juillet. Coup dur pour le gouvernement de transition. Dix-huit de ses membres viennent de claquer la porte pour protester contre la présence sur le sol somalien de troupes éthiopiennes, dont ils rendent responsable le Premier ministre Ali Mohamed Gedi. La veille, plusieurs députés également hostiles à cette « invasion étrangère » avaient annoncé leur intention de demander au Parlement de retirer sa confiance au chef du gouvernement. Une semaine auparavant, en dépit des dénégations officielles à Addis-Abeba, plusieurs milliers de soldats éthiopiens avaient bel et bien pris position à Waajid et à Baidoa, la « capitale » d’un gouvernement de transition sérieusement menacé par la progression des combattants du Conseil suprême islamique de Somalie, le bras armé de l’Union des tribunaux islamiques.
L’escalade était prévisible. Depuis que Mogadiscio est tombé, début juin, entre les mains de la milice islamiste, les Éthiopiens ne font pas mystère de leur volonté de défendre les institutions de transition mises en place il y a trois ans. Berhan Hailou, le ministre de l’Information, n’y est pas allé par quatre chemins : « Nous avons le devoir de défendre la frontière et le gouvernement somalien. » Au lendemain de l’entrée des troupes éthiopiennes à Baidoa, le même est revenu à la charge, menaçant carrément de « réduire en bouillie » les combattants islamistes.
Ce n’est pas la première fois. Depuis le début de la guerre civile en Somalie, il y a quinze ans, l’armée éthiopienne a mené plusieurs opérations en territoire somalien (en 1993 et en 1996). Objectif : détruire les camps d’entraînement des milices d’Al-Ittihad Al-Islami, du cheikh Tahar Aweys, aujourd’hui à la tête de l’Union des tribunaux islamiques.
Reste que cette dernière intervention risque de compliquer un peu plus les choses, sur le terrain. Elle compromet déjà le dialogue engagé le 22 juin, à Khartoum, entre le gouvernement et les islamistes. « Tant que les troupes éthiopiennes n’auront pas quitté la Somalie, nous ne négocierons pas », a affirmé, le 24 juillet, le cheikh Aweys, opposant ainsi une fin de non-recevoir à la proposition de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU. Le même jour, à Mogadiscio, François Lonseny Fall avait en effet plaidé pour une nouvelle rencontre entre les deux parties, début août, dans la capitale soudanaise. Pis, les islamistes menacent désormais de décréter la « guerre sainte » contre les troupes éthiopiennes. Dans ces conditions, l’Érythrée, que beaucoup soupçonnent d’armer la milice islamiste, pourrait s’impliquer davantage dans le conflit afin de contrecarrer les visées de son ennemi éthiopien. « La Somalie pourrait être le prochain champ de bataille entre Addis-Abeba et Asmara », estime un spécialiste de la corne de l’Afrique.

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