Le congrès dont on attendait trop
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Ce fut une folle semaine comme le Cameroun en a le secret. Le 21 juillet, à l’issue du 3e Congrès extraordinaire du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti « proche du pouvoir », Paul Biya, dont le mandat s’était achevé deux semaines auparavant, s’est fait réélire sans surprise à la présidence.
Au lendemain de l’accord de Greentree, le 12 juin, qui organise la rétrocession au Cameroun de la péninsule de Bakassi, également revendiquée par le Nigeria, puis l’achèvement de l’« initiative PPTE » (pays pauvres très endettés), beaucoup espéraient des annonces fortes concernant le relèvement du pouvoir d’achat. On prédisait un prochain réaménagement du gouvernement. On fantasmait sur le profil du futur « dauphin » du chef de l’État (73 ans), dont l’actuel (et, en principe, dernier) mandat s’achèvera en octobre 2011. On souhaitait voir des têtes continuer de tomber sur le billot de la campagne anticorruption. Bref, on attendait tout de ce congrès. Beaucoup trop, sans doute.
En fait, le RDPC s’en est tenu au scénario prévu. Dans son allocution, Biya a beaucoup promis, s’engageant notamment à rendre l’administration plus performante, à améliorer l’environnement des affaires, à construire de nouvelles infrastructures, à relever le niveau de l’offre d’énergie au secteur industriel et à « jouer à fond » la carte de l’intégration régionale. Il a aussi beaucoup admonesté la classe politique : « C’est le mérite et le militantisme vrai qui doivent présider au choix des responsables et des investitures. Ce n’est ni l’argent ni la capacité d’organiser des fêtes où l’on danse plus qu’on ne pense », a-t-il martelé. En dépit de la corruption endémique, il a réitéré son attachement aux « principes de rigueur et de moralisation », puis carrément menacé : « Ceux qui se sont enrichis aux dépens de la fortune publique devront rendre gorge. »
S’agissant de l’après-Biya, nul ne s’est hasardé à ouvrir la boîte de Pandore. « Le président veut gérer les choses les unes après les autres », soutient-on dans son entourage. Pourtant, de « Génération 2011 » aux « Modernistes », on se bouscule déjà dans les starting-blocks. Chacun est en effet convaincu que le successeur de Biya sortira des rangs du RDPC
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