Moustapha Niasse : « Les Libyens sont Africains autant que les Africains sont Libyens »
En marge du dialogue inter-libyen qui a eu lieu le week-end dernier à Dakar, le président de l’Assemblée nationale du Sénégal estime que le continent doit s’impliquer davantage pour faire revenir la paix dans ce pays. Interview.
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Facilitateur du dialogue inter-libyen qui s’est tenu le vendredi 11 mai à Dakar sous l’égide du président Macky Sall, le président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Moustapha Niasse, reste optimiste quand à l’issue de ce conflit régional qui s’éternise.
Dans une interview accordée à Jeune Afrique, il revient sur cette initiative pour la réconciliation et de la paix dans ce pays dont le seul bémol aura été le refus des représentants du maréchal Khalifa Haftar, bien que présents à Dakar, de participer à la rencontre.
Jeune Afrique : Que faut-il retenir de la rencontre qui s’est terminée le 11 mai à Dakar ?
Moustapha Niasse : Ce dialogue est le premier du genre. Il a réuni des Libyens de différentes tendances et positions avec également des approches différentes du dossier. La liberté d’expression des uns et des autres est remarquable ; ils sont près de 25, tous Libyens, et leur liberté de ton donne la mesure de la volonté d’ouverture de l’Union africaine (UA) qui leur permet de s’exprimer, de se faire entendre et ainsi de mieux comprendre les défis qu’elle doit relever dans la recherche de solutions aux différents défis auxquels la Libye est confrontée.
Une situation aussi complexe que contradictoire, consécutive à la mort de l’ancien président Mouammar Kadhafi, à la dislocation des structures de l’État et aux conséquences du prolongement de l’intervention de l’OTAN, perpétrée dans les conditions que l’on sait.
Et voilà qu’à Dakar, aussi bien dans le ton – avec cette liberté que j’évoquais -, que dans la manière d’exprimer les approches, les divergences, les différences et les oppositions, se révèle un ferment extrêmement positif pour aller vers des synthèses. Elles donneront suffisamment de matière, à l’occasion du deuxième round du dialogue – « Dakar 2 », dont parlent déjà les Libyens, alors que nous en sommes aux premiers échanges de « Dakar 1 » -, pour aller vers l’essentiel à partir des pistes tracées actuellement.
La Libye a marqué de son empreinte l’idéal et l’élan d’une Afrique unie
Quel est et quel sera le rôle de l’Union africaine dans ces discussions ?
L’Union africaine a été invitée à s’impliquer davantage qu’elle ne le fait déjà. Cela s’explique par le fait que le président [congolais] Denis Sassou Nguesso, déjà en charge du dossier, a estimé que les différentes parties impliquées devaient se rencontrer et a invité le président Macky Sall à accueillir cette rencontre à Dakar.
Ce soutien à la paix, aujourd’hui, répond à ce qui a été la contribution de la Libye en Afrique ; rappelez-vous la manière dont elle s’est investie à Johannesburg. Les Libyens sont Africains autant que les Africains sont Libyens. La Libye a toujours incarné un africanisme vivant et en mouvement ; on ne peut l’oublier.
Elle est présente dans nos cœurs et dans nos mémoires, telle qu’elle a été à travers les manifestations de la philosophie de solidarité qui l’habitait, ainsi que le président Kadhafi lui-même.
Pour avoir été ministre des Affaires étrangères pendant onze ans, je peux l’affirmer sans aucune gêne : la Libye a marqué de son empreinte l’idéal et l’élan d’une Afrique unie sur le plan monétaire, de la formation universitaire et professionnelle, de l’éducation des femmes. Des thèmes repris actuellement par des instances internationales.
Pourquoi ce Dakar 1 serait-il plus concluant que d’autres initiatives ?
Les Libyens réunis à Dakar sont décidés à tout faire pour ramener l’unité nationale et la démocratie en Libye. Dans cette intention d’aller vers la paix, ils font preuve d’un grand degré de maturité en souhaitant décider, sans aucune ingérence, de l’avenir de leur pays.
Le plus émouvant est la sincérité de ces hommes et l’amour qui caractérise leur patriotisme. Évidemment, des forces contraires vont s’exercer ; c’est dans la nature des choses mais les liens sont plus forts quand ils se fondent sur un ADN commun.
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