Maroc : le ministre du Commerce et fondateur de Saham demande une enquête sur son propre groupe

Moulay Hafid Elalamy, titulaire du portefeuille de l’Industrie et du Commerce, exige une investigation au sujet de prétendus privilèges accordés à son groupe, Saham.

Moulay Hafid Elalamy a fondé le holding marocain en 1995. © Hassan Ouazzani/pour J.A.

Moulay Hafid Elalamy a fondé le holding marocain en 1995. © Hassan Ouazzani/pour J.A.

fahhd iraqi

Publié le 15 mai 2018 Lecture : 2 minutes.

Ciblé par une campagne qui l’accuse d’avoir profité de sa place au gouvernement au bénéfice de sa société – notamment lors de la cession de Saham Finances, fleuron de son conglomérat, au groupe sud-africain Sanlam le 8 mars dernier – le ministre marocain de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid Elalamy, a exprimé son ras-le-bol en plein Conseil de gouvernement, le 10 mai.

« Il a manifesté au chef de gouvernement et à ses collègues sa disposition à faire face à une enquête, nous confie une source d’un cabinet ministériel. Il leur a dit : “Soit on trouve quelque chose à me reprocher et je mériterai alors une sanction, soit ce n’est pas le cas et il faudra arrêter les détracteurs”. »

Certains voient la loi de Finances 2018 comme une disposition sur mesure pour la transaction de Moulay Hafid Elalamy

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C’est que le timing du méga-deal entre Saham et Sanlam, de plus d’un milliard de dollars, est intervenu au lendemain de l’introduction d’une nouvelle disposition fiscale. La loi de Finances 2018 est venue supprimer les droits d’enregistrement de 4 % appliqués à la cession de parts de sociétés. Certains y ont vu une disposition sur mesure pour la transaction de Moulay Hafid Elalamy, favorisé par son collègue au gouvernement et au parti, Mohamed Boussaid, ministre des Finances.

Un milliard de dirhams pour le fisc

« Archi-faux, rétorque une source au sein de Saham. La suppression de cette disposition fait partie des 23 recommandations des Assises de la fiscalité [tenues en 2013, ndlr] car il est aberrant de maintenir une approche fiscale qui taxe l’investissement à l’entrée. » Et d’ajouter : « Le groupe Saham devra payer plus d’un milliard de dirhams (89 millions d’euros) au fisc pour cette transaction. »

Les détracteurs du ministre businessman pointent aussi les intentions de la Fondation Saham qui a bénéficié, en novembre 2017, du statut d’utilité publique. « Moulay Hafid Elalamy a interpellé le Premier ministre et le secrétaire général du gouvernement – responsables de l’octroi d’un tel statut qui permet une exonération des donations – en leur demandant de dire s’il est déjà intervenu sur ce dossier ou même s’il avait évoqué le sujet avec eux », raconte notre source ministérielle.

« Si quelqu’un avait remis en cause la responsabilité de son département dans l’octroi de supposées privilèges, il n’aurait pas hésité à réagir et à corriger les faits. Aujourd’hui, il attend de même de ses collègues ministres », affirme un des proches du fondateur du groupe Saham, qui soutient qu’Elalamy ne va pas lâcher l’affaire cette fois-ci. Au point d’exiger de Saadeddine El Othmani de saisir la Cour des comptes ?

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