Ce jour-là : 16 mai 2003, les attentats de Casablanca
Le 16 mai 2003, la plus grande ville du Maroc a été frappée par une série d’explosions dans le sillage du 11 septembre. Bilan : 45 morts. Depuis, le royaume chérifien mène une guerre contre le terrorisme sur plusieurs fronts.
En 2003, le Maroc a découvert les affres du terrorisme avec des attentats meurtriers au cœur de la capitale économique. C’est à partir de cette date qui a marqué les Marocains que le royaume s’est inscrit dans une lutte multidimensionnelle contre ce mal du troisième millénaire, impliquant responsables sécuritaires, politiques, magistrats et religieux.
• 16 mai 2003 : une nuit cauchemardesque
Aux alentours de 22h, cinq déflagrations retentissent dans le centre de Casablanca. La Salafiya Al Jihadiya a semé l’horreur dans la métropole qui a vécu « un 11 septembre à la marocaine ». Pertes humaines : 45 morts y compris les 12 kamikazes.
• 27 mai 2003 : « Patriot act » à la marocaine
La Chambre des conseillers a adopté le projet de loi contre le terrorisme, le premier dispositif légal en la matière au Maroc. 89 voix pour, 7 abstentions et aucun vote contre… tel a été le vote des élus qui avaient quelques mois auparavant rejeté une première mouture de ce texte jugé à l’époque « restrictif ».
• 28 juillet 2003 : Laânigri prend des galons
Jusque-là directeur de la Direction de surveillance du territoire (DST), le général Hamidou Laânigri prend ce jour-là, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). A la DST, il place alors un de ses hommes de confiance, Ahmed Harari, qui fait long feu à ce poste.
• 23 septembre 2003 : du minbar à la cellule
En plus de lourdes condamnations prononcées à l’encontre de plus d’une centaine d’individus pour leur implication dans les réseaux salafistes, des figures religieuses de cette mouvance se retrouvent derrière les barreaux. La justice estime que ces chioukhs salafistes avaient inspiré et radicalisé les auteurs des attaques du 16 mai. Les peines prononcées à leur encontre vont jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle.
• 14 décembre 2005 : Hammouchi en front line
Ayant fait toute sa carrière au sein de la DGST, spécialiste de nébuleuse islamiste et de la Salafiya Jihadiya qui sévit au Maroc, Abdellatif Hammouchi est « un fils de la maison ». À 39 ans devient le plus jeune patron d’un service de renseignement que le Maroc ait jamais connu. Avec lui, une refonte de la maison DGST est lancée.
• 13 septembre 2006 : Laânigri chez les Mroud
Le puissant général est déchargé de la DGSN pour revenir aux forces armées, dans le corps le moins prestigieux (Forces auxiliaires). L’idylle entre le « sécurocrate » et les conseillers de Mohammed VI en matière de sécurité aura finalement pris fin.
• 11 mars 2007 : attaque réelle dans un cyber
Deux kamikazes, équipés de ceintures explosives, s’introduisent dans un cybercafé de Sidi Moumen – a priori pour y recevoir des instructions via internet. Une rixe éclate avec le fils du propriétaire et l’un des kamikazes se fait exploser, blessant au passage trois personnes, dont son acolyte, qui sera arrêté quelques heures plus tard par la police.
• 10 avril 2007 : traque à Hay El Farah
Le quartier périphérique de la métropole, Haty El Farah, est le théâtre d’une traque sanglante pour neutraliser une partie de cette cellule qui menace la ville depuis plus d’un mois. Trois terroristes recherchés se font exploser avant leur arrestation. Bilan : cinq morts, dont un membre des forces de l’ordre et 21 blessés.
• 14 avril 2007 : attaques kamikazes près de l’ambassade US
Deux frères se rendent dans le luxueux boulevard Moulay Youssef, précisément dans une place où se concentrent des intérêts américains. Pas loin du consulat US, le premier kamikaze déclenche sa décharge devant un véhicule de police. Son frère fait de même, 150 mètres plus loin devant une école de langue américaine.
• 14 avril 2011 : des détenus salafistes graciés
Quelque 91 détenus islamistes, dont une majorité accusée pour son implication, directe ou indirecte, dans les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, sont libérés par grâce royale. Moins d’un an plus tard, les chioukhs de la mouvance salafiste bénéficient de la même mesure, même si entre temps le Maroc est à nouveau ciblé par un acte terroriste.
• 28 avril 2011 : explosion à Jamaa El Fna
Un attentat cible le Café Argana, sur la place touristique la plus emblématique du royaume, et fait de lourds dégâts : 17 morts et 20 blessés. L’auteur de cet acte n’est pas directement lié à un groupe terroriste, mais fortement imprégné de la doctrine takfiriste. Le danger des « loups solitaires » devient réel.
• 11 novembre 2013 : exporter l’expertise de formation des imams
Les premiers étudiants étrangers que va accueillir l’Institut Mohammed VI de la formation des imams sont de nationalité malienne. Depuis plusieurs pays africains et européens sollicitent le Maroc, qui promeut un islam modérée. En cette année 2018, l’Institut Mohammed VI pour la formation des imams accueille pas moins de 1 240 étudiants étrangers.
• 21 janvier 2015 : amendement de loi anti-terroriste
Un amendement de la loi anti-terroriste est venu renforcer l’arsenal juridique marocain. Principale nouveauté de ce texte : la criminalisation du départ des jihadistes vers l’Irak ou la Syrie, sous le contrôle à l’époque de Daech. La loi a permis aussi la poursuite des « revenants ». Une centaine sont d’ailleurs actuellement dans les prisons marocaines, mais il resterait encore quelque 1 500 dans la nature.
• 20 mars 2015 : création du FBI marocain
Après la réforme du code pénal accordant aux officiers de la DGST, un statut de police judiciaire, ce service de renseignement créé le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ). Devenu fer de lance de l’action anti-terroriste, ce « FBI marocain » a permis de neutraliser pas moins de 51 cellules impliquant plus de 800 terroristes présumés en trois ans d’activité.
• 15 mai 2015 : un super flic nommé Hammouchi
Après presque 10 ans à la tête du service de renseignement qu’est la DST, Abdellatif Hammouchi prend également les rênes de la DGSN. C’est le premier responsable à cumuler ces deux postes stratégiques dans le dispositif sécuritaire du royaume. Signe d’une coordination entre service de renseignement, indispensable pour parer à la menace terroriste.
• 18 novembre 2015 : sur la piste d’Abaaoud
Suite à la neutralisation d’Abdelhamid Abaaoud, cerveau des attentats du Bataclan à Paris, les officiels français confirment que sa localisation a été rendue possible grâce à la collaboration des services de renseignements marocains. Le précieux apport du royaume en matière de lutte contre le terrorisme, reconnu déjà par le passé en Afrique comme en Europe, fait désormais l’unanimité, même chez les grandes puissances.
• 20 août 2017 : réconciliation avec les salafistes
13 détenus salafistes bénéficient d’une grâce royale décrochée à l’issue d’un programme dit « Moussalha » (réconciliation). Mené sous l’égide de plusieurs organismes publics, ce programme vise à convaincre d’anciens extrémistes à réviser leur idéologie et à reconnaitre les valeurs sacrées de la nation.
Un programme qui en est encore à ses balbutiements sachant que les détenus islamistes se comptent encore par centaines. Et la menace terroriste n’est jamais loin…
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...