Cameroun : le ministre de la Défense reconnaît des violences contre un séparatiste anglophone
Joseph Beti Assomo, le ministre camerounais délégué à la Défense, a reconnu mardi 15 mai à la radio d’État des « agissements contraires au respect des droits humains » de la part de l’armée lors de l’arrestation d’un homme soupçonné d’être un leader du mouvement séparatiste anglophone.
La vidéo montrant un homme couvert de boue et ligoté en train de se faire brutaliser par des militaires, avait fait le tour des réseaux sociaux depuis les faits, survenus samedi 12 mai au Cameroun. Un gendarme le frappe de manière répétitive sur la plante des pieds, à l’aide du côté plat de la lame d’une machette. Un autre le maintient au sol avec une chaise. On y voit aussi un autre gendarme monter sur la tête de l’homme, donnant l’impression de vouloir l’étrangler.
La victime serait un « général » séparatiste « activement recherché depuis plusieurs semaines pour son implication dans des actes de violences contre les populations et (dans) l’assassinat des personnels de forces de défense et de sécurité », a indiqué le ministre délégué à la Défense, Joseph Beti Assomo, à la radio d’État, mardi 15 mai, qui a reconnu des « agissements contraires au respect des droits humains » en marge de cette arrestation.
Si les forces de sécurité ont été maintes fois accusées par des ONG et des témoins d’exactions, c’est la première fois que l’armée reconnaît des violences commises par des forces de sécurité déployées dans les deux régions anglophones en crise depuis le début des affrontements, fin 2017.
Enquêtes ouvertes
Les gendarmes sont « manifestement sortis des normes et techniques légales en pareilles circonstances », a ainsi reconnu le ministre, qui assure qu’une « enquête a été ouverte pour identifier (et) le cas échéant sanctionner les auteurs ». Une autre enquête est également menée sur les faits reprochés au « général » arrêté.
Dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les combats sont devenus quasi quotidiens entre les forces de sécurité camerounaises, déployées en force et des hommes armés se réclamant de « forces de restauration » d’un Etat anglophone, qui avait éphémèrement vu le jour entre les deux guerres mondiales, sous mandat britannique.
Selon le centre International Crisis Group (ICG), « au moins 120 » civils et « au moins 43 » membres des forces de sécurité ont été tués depuis fin 2016. Le bilan côté séparatistes est inconnu. 160 000 personnes ont dû fuir leur logement à la suite des violences, selon l’ONU, et 34.000 se sont réfugiées au Nigeria, selon l’agence nigériane de gestion des urgences (Sema).
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