Droits des LGBTI : la Camerounaise Alice Nkom et le Tunisien Mounir Baatour distingués à Paris

Les avocats Alice Nkom et Mounir Baatour ont reçu jeudi le premier prix Idaho France pour la liberté, en récompense de leur combat pour les droits des personnes LGBTI. La Camerounaise et le Tunisien, présents à Paris, en ont profité pour lancer un appel à une dépénalisation mondiale de l’homosexualité.

Remise du prix Idaho pour la liberté, le 17 mai 2018, à l’Assemblée nationale à Paris. © J.A.

Remise du prix Idaho pour la liberté, le 17 mai 2018, à l’Assemblée nationale à Paris. © J.A.

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Publié le 17 mai 2018 Lecture : 2 minutes.

Ce jeudi 17 mai, journée mondiale de la lutte contre l’homophobie, Alice Nkom et Mounir Baatour ont reçu le prix pour la liberté, porté par les associations Idaho France, Mousse et Stop Homophobie, des mains de l’ambassadeur de France pour les droits de l’homme, François Croquette, à l’Assemblée nationale, à Paris.

Avec sa loi criminalisant l’homosexualité, le Cameroun viole sa Constitution et la hiérarchie des normes

« J’ai attendu cet instant », a confié la Camerounaise Alice Nkom, qui combat pour les droits des LGBTI (Lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexes) au Cameroun depuis de nombreuses années. « Enfin, la France se manifeste et réaffirme qu’elle est le pays des droits de l’homme », a-t-elle poursuivi, appelant à une « coalition mondiale pour combattre l’homophobie ».

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« Avec sa loi criminalisant l’homosexualité, le Cameroun viole sa Constitution et la hiérarchie des normes, puisqu’elle est contraire à la déclaration des droits de l’homme qui est au-dessus des législations nationales », a-t-elle ajouté.

L’avocate camerounaise en a appelé au couple présidentiel, Paul et Chantal Biya. « La première dame est ambassadrice de l’ONU pour la lutte contre le Sida. Or, on ne peut pas lutter contre le sida sans abroger cette loi basée sur des discriminations sexuelles », a-t-elle martelé.

« Pseudo printemps arabe » en Tunisie

Son confrère tunisien, Mounir Baatour, président de l’association Shams, a lui aussi appelé à la dépénalisation de l’homosexualité dans son pays. « Depuis la révolution, il y a eu environ 420 arrestations, dont près de 90 depuis le début de l’année, a-t-il rappelé. Nous demandons au minimum un moratoire sur la loi au président Essebsi, en préalable à son abolition ».

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« La Tunisie est le pays du Moyen-Orient qui condamne le plus d’homosexuels », a souligné pour sa part Alexandre Marcel, président d’Idaho France.

Quand nous parlons de droits LGBTI, nous parlons de droits humains universels

Dénonçant un « pseudo printemps arabe », Mounir Baatour s’est insurgé contre « un déni de justice et un déni d’accès à la justice pour les homosexuels, qui sont des citoyens sans droit » et a réclamé la fin de l’application du test anal, toujours en vigueur en Tunisie. « L’article 230, qui condamne l’homosexualité, est contraire à la Constitution de 2014 et à son article 21, qui interdit toute discrimination envers les citoyens », a-t-il ajouté, faisant écho à sa consœur camerounaise.

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Présent lors de la cérémonie, l’ambassadeur François Croquette a admis que les progrès en matière de lutte contre l’homophobie étaient « lents », notamment aux Nations unies. « Mais nous menons le combat depuis plus de dix ans et nous continuerons. Il ne faut pas croire que nous sommes les porte-paroles de prétendues valeurs « occidentales ». Quand nous parlons de droits LGBTI, nous parlons de droits humains universels », a-t-il conclu.

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