Guinée : comment est financée la gestion des déchets à Conakry
Depuis l’éboulement de la décharge de la Minière en août 2017 qui a fait neuf victimes, la gestion des ordures à Conakry est devenue une urgence nationale pour les autorités guinéennes. Jeune Afrique a cherché à savoir comment ces mesures étaient financées.
Depuis que les autorités guinéennes leur ont lancé un ultimatum – qui a expiré le 10 mai – pour quitter les lieux, les femmes riveraines de la décharge de la Minière située au quartier Dar-Es-Salam, banlieue de Conakry, multiplient les manifestations de protestation. À la fin de l’ultimatum, elles étaient sorties dans la rue pour y faire la cuisine, le ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire dénonçant une occupation illégale de la décharge.
L’éboulement partiel de cette décharge à ciel ouvert avait fait neuf victimes, le 22 août 2017, à la suite de pluies diluviennes. Pour prévenir un autre sinistre, le gouvernement et ses partenaires ont pris des mesures afin de permettre une meilleure gestion des déchets.
L’UE valide un « premier financement de 35 millions d’euros »
Dans le domaine de l’assainissement, le premier partenaire financier de Conakry est l’Union européenne, à travers son onzième Fonds européen de développement (FED). Selon un écrit transmis à Jeune Afrique par la délégation de l’UE en Guinée, l’institution a, au cours du premier trimestre 2018, « validé un premier financement de 35 million d’euros ». Il servira à « promouvoir une approche intégrée combinant l’assainissement solide et liquide, afin de s’attaquer au problème des déchets solides, obstacle majeur au bon fonctionnement du réseau existant d’évacuation des eaux, mais également au problème des déchets liquides avec la réhabilitation et l’optimisation des infrastructures d’évacuation des eaux pluviales ».
Il s’agira d’appuyer la professionnalisation des acteurs de la collecte et de la pré-collecte, d’aménager des points de regroupement et de tri des ordures et la valorisation des déchets solides, explique-t-on. Pour les déchets liquides, « les financements de l’UE contribueront au désenclavement de certains quartiers grâce à la réhabilitation et l’extension du réseau de drainage des eaux pluviales et de voirie afin de réduire les risques climatiques auxquels est confrontée la Guinée ».
Des mesures d’urgence pour près d’un million d’euros
Cependant, face à l’imminence de la saison des pluies, « à la requête du gouvernement, une allocation financière d’urgence de près d’un million d’euros du Programme d’appui à la santé (Pasa), financé par l’Union européenne et l’Agence française de développement (AFD) » a été accordée à l’Agence nationale d’assainissement et de salubrité publique (Anasp). Il s’agit précisément d’un montant de 966 000 euros devant financer « l’aménagement de la piste d’accès [à la décharge, ndlr] en voie carrossable en toute saison et l’aménagement de huit casiers de dépotage des ordures et leur compactage pour sécuriser et optimiser l’espace ». Les travaux qui ont démarré depuis janvier 2018 et qui doivent durer six mois « sont en cours de finalisation ».
Il s’agit là de mesures d’urgence en attendant la délocalisation de la décharge de la Minière dans deux ans environ, selon le directeur de l’Agence nationale d’assainissement et de salubrité publique et ancien directeur général adjoint du port autonome de Conakry, Sory Camara. Un site de 100 hectares est identifié à Coyah (à 50 km à l’est de Conakry) pour remplacer celui qui était prévu à Dubréka, déjà envahi par l’urbanisation. Situé dans le village de Baritodé, sous-préfecture de Khouria, le site servira de centre d’enfouissement technique et « produira de l’électricité ». Néanmoins, « sa validation est subordonnée aux conclusions des experts détachés à cet effet », explique Sory Camara.
Approbation en vue de 54 millions de dollars par la BID
Les 30 juin et 1er juillet prochain, le conseil d’administration de la Banque islamique de développement (BID) se réunira de son côté à Djeddah autour d’un financement de 54 millions de dollars. Le représentant de la BID en Guinée, Alpha Boubacar Diallo, est convaincu à « 99 % que le financement sera approuvé ». Le projet, qui va durer trois ans, couvrira la gestion des déchets solides, le curage des caniveaux et les fosses septiques. « La BID va financer l’achat des équipements pour notre Agence : camions, poubelles, un bulldozer pour la décharge, mais aussi le renforcement des capacités des PME », renchérit le directeur de l’Agence nationale d’assainissement et de salubrité publique.
À ces financements, il faudrait ajouter la contribution des ménages par leur abonnement « obligatoire » aux PME chargées de faire la pré-collecte. Le transfert des déchets, le nettoyage des places publiques et des rues, le traitement des déchets à la décharge seront confiés à un opérateur professionnel qui sera recruté par appel d’offres, confie le directeur de l’Anasp. « Nous travaillons avec le gouvernement pour le financement de la prestation de cet opérateur, que nous estimons à sept millions de dollars par an. Pour les bailleurs, cette phase revient à l’État guinéen. C’est la mobilisation de cette somme qui conditionne le lancement de l’appel d’offres ». Tout devrait être prêt d’ici la fin de l’année.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Mines d’or au Mali : la junte place le CEO de l’australien Resolute en détention
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Inauguration du nouvel aéroport de Luanda : après 20 ans, enfin l’envol