Locko, Mr Léo, Daphné… Les recettes du succès de la musique urbaine camerounaise
Depuis 2013, les artistes de Douala et Yaoundé concurrencent jusqu’aux stars nigérianes. Décryptage des raisons du succès de la scène des musiques urbaines camerounaises.
« Cette fois je suis calée, je suis calée, le gars me tue avec son regard, je suis calée ». Si vous n’avez jamais entendu ces paroles, c’est que vous ne fréquentez pas le dancefloor et ne regardez jamais la télé. Ce sont celles de Daphné, cette chanteuse qui comptabilise plus de 16 millions de vues sur Youtube avec son titre Calée.
Une autre star camerounaise : Locko. Le chouchou de ces dames a été projeté sur le devant de la scène avec son titre Ndutu. Sa voix mélodieuse et son sourire ravageur lui ont valu plusieurs récompenses, dont le titre de meilleur artiste masculin d’Afrique Centrale aux AFRIMAS Awards en 2017.
Le rappeur Ténor, du haut de ses vingt ans, enchaîne également les succès. Il est devenu cette année, le premier rappeur camerounais à signer chez Universal Music Africa. Il vient récemment de sortir sa mixtape « NNOM NGUI ».
Maisons de production : quand l’union fait la force
Qu’est ce qui explique les raisons de ces succès de la scène camerounaise ? Il y a d’abord les maisons de production, qui jouent un rôle important dans le développement de carrière de ces artistes. Et elles sont particulièrement nombreuses au Cameroun.
Parmi les plus importantes, Big Dreams Entertainement Music, créée en 2014, produit l’artiste Locko. Empire Company, le label de l’un des pionniers de la musique Urbaine, Pit Baccardi, accompagne l’artiste Magasco.
Il faut encore compter sur Steven Music Entertainement qui s’occupe de Daphné, ou Alpha Better Records, le label de l’artiste Mr Léo. Et enfin New Bell Music, maison de production du rappeur Jovi et Motherland Empire du rappeur Stanley Enow.
L’idée ce n’est pas de rester focus sur son propre label. Je fais profiter aux autres de mon énergie et je profite de la leur
Particularité camerounaise, ces maisons de productions collaborent énormément entre elles afin de faire connaitre au mieux leurs artistes. « L’idée ce n’est pas de rester focus sur son propre label, explique Pit Baccardi, chez Empire Compagny. Je fais profiter aux autres de mon énergie et je profite de la leur. J’ai par exemple collaboré avec Alpha Betta Records ou avec Big Dreams Entertainement et l’équipe de Tenor. »
L’ancien rappeur a récemment mis en place le collectif Power qui réunit des artistes de cette nouvelle génération et des maisons de productions de tous les horizons. « Il faut faire des projets fédérateurs en rassemblant toutes les énergies qui vont permettre de toucher le plus grand nombre de personnes. Dans ce projet, chacun de ces artistes à un potentiel de fans énorme. »
https://www.instagram.com/p/BiXfslqDUJF/?hl=fr&taken-by=pitbaccardi_
Miser sur l’international
Pour engranger des bénéfices ces maisons de productions multiplient les déplacements notamment hors Cameroun. « Les tournées sont les premiers revenus d’un artiste et c’est grâce à elles que le producteur peut avoir un retour sur investissement, confie-t-on chez Arise Entertainement. Or les tournées hors du Cameroun sont plus rentables. A titre d’exemple plusieurs artistes camerounais se font régulièrement inviter dans les pays comme la Côte d’Ivoire où les passages dans les émissions télés et radios sont rémunérés, ce qui n’est pas le cas au Cameroun. »
Depuis quelques années, les promoteurs de spectacle basés en Europe organisent un nombre croissant d’événements avec les artistes camerounais. L’Europe Tour de Ténor, encadré par la structure U Live Africa, présentait ainsi plus d’une vingtaine de dates pour l’artiste. « Quand les artistes tournent en Europe, ils touchent parfois jusqu’à 2 000 euros par date, précise-t-on chez Arise Entertainement. Et quand on sait qu’une tournée peut comporter plus de dix dates, le calcul est vite fait. »
https://www.instagram.com/p/BavgnmTFsq_/?hl=fr&taken-by=maahlox_officiel
Investir les réseaux sociaux
Pour gagner en visibilité, les artistes travaillent aussi beaucoup leur image sur les différentes plateformes digitales et plus particulièrement les réseaux sociaux. Si la démarche n’est évidemment pas réservée aux stars camerounaises, dans leur cas elle est indispensable, puisqu’elle leur permet de s’internationaliser.
Elles n’hésitent pas à « teaser » leurs clips en mettant des extraits vidéo sur leur page Instagram, par exemple, pour tenir en haleine le public. En plus de photos ambiguës mettant en scène de futurs « featurings » ou une potentielle amourette, ils utilisent des hashtags, souven en anglais, pour toucher les fans dans le monde entier. Leurs messages sont parfois en anglais, en français, en douala… ou bien souvent rédigés en plusieurs langues. Locko est un habitué de ces courts textes multilingues qui lui permettent de gagner en proximité avec ses fans, toutes origines confondues.
https://www.instagram.com/p/BgRfI2wF1YJ/?hl=fr&taken-by=lockofficial
Les jeunes artistes Camerounais restent en revanche pour l’heure assez timides en matière de collaborations avec des artistes internationaux, à l’inverse de Nigérians comme Wizkid, qui a récemment collaboré avec le rappeur américain Drake… Peut-être une future piste pour permettre à ces talents de prendre un peu plus leur envol à l’international ?
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