Bénin : Nicéphore Soglo répond à Jeune Afrique

Suite à la parution de notre article « Le match de la semaine : Patrice Talon face à Nicéphore Soglo et Thomas Boni Yayi au Bénin », l’ancien président béninois Nicéphore Soglo a souhaité réagir à nos informations.

Nicephore Soglo, en 2005. © Reuters.

Nicephore Soglo, en 2005. © Reuters.

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Publié le 18 mai 2018 Lecture : 3 minutes.

J’ai lu avec intérêt et étonnement l’article paru dans votre hebdomadaire international n°2992 du 13 au 19 mai 2018 sous le titre : « Bénin le match Patrice Talon vs Nicéphore Soglo et Thomas Boni Yayi« .

J’ai hérité en 1990 d’un régime militaro-marxiste créé de toutes pièces par la Françafrique, sous l’égide d’un ministre des Finances du nom de Bertin Borna et d’un colonel spécialiste des coups d’État, en la personne de Maurice Kouandété. L’affaire, éventée par le conseil présidentiel alors dirigé par le président Ahomadegbé, échut au commandant Mathieu Kérékou, qui, pour garder le pouvoir, se réfugia dans le camp soviétique en lui apportant le port et l’aéroport de Cotonou et un terrain d’aviation à Cana pour approvisionner le contingent cubain commis à la garde du régime, d’Agostinho Neto à Luanda. C’était l’époque de la guerre froide : communisme contre capitalisme.

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Revenu à l’Ouest en 1990 en piteux état (faillite de toutes les banques et des 120 entreprises d’État, suivie du licenciement de 10 000 fonctionnaires, sans oublier les camps de concentration de Ségbana, PCO, Petit Palais, etc.), le transfuge Kérékou fut contraint par le président Mitterrand de convoquer toutes les forces vives de la nation, ce qui déboucha sur la célèbre Conférence souveraine des forces vives de la nation.

Séisme pour le système colonial

Ce séisme a ébranlé un temps le système colonial, avec le fameux discours de La Baule. Et en tant que président, je fis notamment venir à mon cabinet de jeunes cadres, dont Boni Yayi, et j’ai nationalisé la CFDT (l’empire français du coton au Bénin et en Afrique francophone) confiée à une dizaine de jeunes hommes d’affaires, dont Patrice Talon, chargés de fournir au monde paysan des engrais et insecticides.

Or, en 2006, selon des informations indiscutables, le triumvirat Yayi-Talon-Zinsou fut chargé de remplacer Kérékou vieillissant, incapable de juguler les crimes commis au Nigeria par une bande de malfaiteurs commandée par un certain Tidjani Amani bien introduit dans les cercles du pouvoir au Bénin.

Et chacun sait, depuis la Rome antique, que les triumvirats (Pompée-Cicéron-César ou Pompée-Crassus-César ou Antoine-Lépide-Octave) débouchent sur des combats fratricides impitoyables. Et notre pays hélas, n’échappe pas à cette règle. Avec l’utilisation sélective de la lutte contre la corruption par des incendiaires qui crient au feu. On se croirait au Zaïre de Mobutu (voir Pierre Péan, L’Argent Noir, p. 140).

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Précisons que la fierté de la Renaissance du Bénin, c’est de n’avoir jamais fait allégeance à aucune puissance financière tant nationale qu’étrangère. C’est de notoriété publique.

Soutenir les décisions de la Cour constitutionnelle

Enfin, et c’est aussi un secret de polichinelle : c’est le rejet par l’Assemblée nationale, dont Maître Rosine Vieyra Soglo est la doyenne et une figure de proue, du projet de révision de la Constitution qui accordait au chef de l’État des pouvoirs exorbitants, ainsi qu’une impunité inacceptable à lui-même et à ses ministres, et digne du Chili du célèbre général Augusto Pinochet, qui explique le divorce entre la famille Soglo et celui à qui j’avais mis le pied à l’étrier, comme à tant d’autres citoyens de notre pays pendant un quinquennat au cours duquel j’ai hérité du surnom d’ « Hercule » pour les nombreux travaux que j’ai engagés.

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Et ma présence à Djeffa n’avait pour objet que de soutenir les décisions de la Cour constitutionnelle superbement ignorées par le pouvoir qui avait chargé le COS-LEPI [Conseil d’orientation et de supervision – Liste électorale permanente informatisée, ndlr] d’organiser les futures élections législatives. Et chacun sait que les élections figurent parmi les sources de contestation et de désordre en Afrique. Toute autre interprétation, ne serait que musique de bouche, comme on dit chez nous.

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