[Tribune] Pour que grandissent les PME sénégalaises
Le Sénégal manque cruellement de moyennes entreprises pour constituer le vivier de futurs champions dont le pays a tant besoin
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Rivolala Ratsimandresy
Rivolala Ratsimandresy est cofondateur de la Rencontre des entrepreneurs du Sénégal (RDE) et multi-entrepreneur.
Publié le 31 mai 2018 Lecture : 3 minutes.
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Tribune. Comprendre et connaître la réalité de son écosystème est non seulement vital pour une économie, mais surtout stratégique pour un pays. De fait, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) a dénombré au Sénégal, en 2017, 407 882 unités économiques ou entreprises. Leur répartition laisse apparaître une forte prédominance des entrepreneurs indépendants et des très petites entreprises, qui représentent respectivement 81,8 % et 16,4 % de ces unités. Les moyennes entreprises n’en représentent que 0,4 %.
Déficit de PME
Ces données corroborent notre analyse empirique : il manque véritablement un nombre critique de moyennes entreprises pour constituer le vivier de futurs champions dont le Sénégal a tant besoin pour dynamiser son économie et résoudre le problème du chômage. Quant aux efforts fournis par l’État ces dernières années, nous constatons qu’ils sont surtout axés sur l’amélioration du quotidien des primo-entrepreneurs et de ces petites entreprises.
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Comme le prouve la mise en place du guichet unique de création d’entreprises piloté par l’Agence de promotion des investissements et des grands travaux (Apix), ou celle d’un organisme de garantie, le Fongip, pour pallier le défaut de garantie lors de la demande de crédit. L’accompagnement comptable apporté par des centres de gestion agréés, ainsi que le soutien des primo-entrepreneurs et des petites entreprises par l’Agence de développement et d’encadrement des PME sont de bonnes initiatives, mais elles ne répondent pas aux défis et aux difficultés rencontrés par les moyennes entreprises.
Une fiscalité à réformer
Le système fiscal fait partie des défis auxquels celles-ci sont confrontées. Il n’existe quasiment pas de dispositifs fiscaux incitatifs pour récompenser leurs efforts. Selon la dernière étude « Paying Taxes 2017 » du cabinet PricewaterhouseCoopers et de la Banque mondiale, le Sénégal a été classé 29e sur 53 pays africains, en matière de pression fiscale. Évaluée à 45,1 %, elle pèse lourdement sur bon nombre d’entreprises, qui contribuent pourtant de manière honnête et volontaire à la richesse du pays.
La question du manque de dispositifs de financements persiste, voire s’amplifie.
L’autre défi est davantage lié au profil des entrepreneurs. Quand on échange avec eux sur leurs difficultés à émerger ou à passer un cap, ils évoquent souvent, à tort ou à raison, le manque de dispositifs de financements. Pourtant, le Sénégal compte 24 banques commerciales, dont la Banque nationale de développement économique – laquelle a justement pour principale mission de remédier à ce problème de financement – et six fonds d’investissement. Cette question devrait donc être résolue. Mais elle persiste, voire s’amplifie.
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La source de ces difficultés, selon nous, provient surtout de l’hésitation des entrepreneurs à investir dans leur propre formation et celle de leurs collaborateurs pour renforcer ou développer des compétences clés pour la vie des entreprises. La plupart considèrent encore la formation non comme un investissement, mais comme une dépense. Or, comme tout investissement, le retour sera perceptible uniquement sur le moyen, voire le long terme. D’ailleurs, les agrégats officiels des PME et grandes entreprises au Sénégal, publiés annuellement par l’ANSD, attestent de cette défaillance.
Susciter les ambassadeurs du Sénégal
La Rencontre des entrepreneurs, qui joue un rôle d’accélérateur, salue l’ensemble de ces dispositifs. Plus spécifiquement, celui qui accompagne les moyennes entreprises est développé par le Bureau de mise à niveau pour inciter les PME à l’amélioration de l’outil de production, à travers des investissements matériels et immatériels. Pour autant, nous constatons que ceux-ci ne sont pas suffisants face aux problèmes et défis posés à nos entrepreneurs pour les faire grandir.
C’est pourquoi nous avons mis en place un programme d’accompagnement opérationnel d’une durée d’un an, qui a pour mission d’aider les PME déjà existantes et à fort potentiel à devenir les championnes de leur secteur, en leur apportant expertise, capital et réseau. En agissant de la sorte, nous espérons doter le Sénégal d’un nombre suffisant de moyennes entreprises solides et conquérantes, qui ambitionneront de devenir de grandes entreprises pour porter haut le drapeau du Sénégal et de l’Afrique.
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