Algérie : le procès du blogueur Merzoug Touati poursuivi pour espionnage s’ouvre ce jeudi
Merzoug Touati a été arrêté en janvier 2017 pour « intelligence » avec l’État d’Israël et « incitation à la rébellion ». Amnesty International déplore une atteinte à la liberté d’expression et demande sa libération.
Après un an et demi d’instruction, le procès du jeune Merzoug Touati, poursuivi par les autorités algériennes pour « intelligence avec une puissance étrangère » et « incitation à la rébellion » s’ouvrira ce jeudi 24 mai devant le tribunal de Béjaïa au nord de l’Algérie.
« Il est dans une situation fragile, il a observé plusieurs grèves de la faim et son moral est très atteint », confie à Jeune Afrique Said Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), qui sera présente à ses côtés à l’ouverture de son procès, ainsi qu’un collectif de cinq avocats chargés de prendre sa défense.
Israël, sujet sensible
Merzoug Touati, un diplômé universitaire au chômage, a été arrêté le 25 janvier 2017 suite à la parution d’une vidéo sur son blog Al Hogra, qui a été fermé par les autorités. Depuis, il est incarcéré à la prison d’El Khemis, à Béjaïa. Dans cette vidéo, il avait interrogé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien sur les relations entre l’État hébreu et les pays arabes. Ce qui lui a valu d’être accusé « d’intelligence avec une puissance étrangère », motif qui lui ferait encourir la peine de mort, selon Amnesty International et d’autres associations de protection des droits de l’homme. En effet, Alger ne reconnaît pas Israël et le sentiment pro-palestinien y est très fort.
Sur sa page Facebook – fermée elle aussi -, Merzoug Touati était aussi connu pour ses positions critiques à l’égard des élus locaux dont il dénonçait les pratiques de corruption et de mauvaise gouvernance.
Un « détenu d’opinion »
Dans un communiqué publié mercredi 23 mai, Amnesty International a appelé les autorités algériennes à libérer le jeune blogueur, le considérant comme « un détenu d’opinion ». Après examen de la vidéo et des post Facebook incriminés (avant qu’ils ne soient supprimés), l’ONG a en effet conclu qu’ils ne contenaient ni incitation à la violence ni appel à la haine. Pour elle, ses publications entraient dans le cadre de la liberté d’expression en lien avec le travail de journaliste citoyen.
« Chaque jour que Merzoug Touati passe en prison est un jour de trop et entache un peu plus le bilan de l’Algérie en termes de droits humains. Il est absurde qu’un post exprimant une opinion pacifique sur Facebook puisse entraîner une condamnation à mort », explique l’ONG.
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