Le pari de Paul Bremer
Les Américains ne reculent devant aucune dépense pour maintenir la production pétrolière de l’Irak à son niveau moyen de 2 millions à 2,5 millions de barils par jour (b/j) depuis janvier. Ibrahim Bahr el-Ouloum, « ministre » irakien du Pétrole, l’a confirmé le 23 mai, à Amsterdam : le proconsul américain Paul Bremer a décidé de réinjecter 1 milliard de dollars supplémentaires pour augmenter la production de 160 000 b/j, pour le plus grand bonheur des automobilistes américains assoiffés de gasoline à la veille de leur départ en vacances.
Le lendemain, le énième sabotage d’un oléoduc à Kirkouk lui a rappelé la triste réalité : les attentats contre les infrastructures pétrolières ne sont pas près de s’arrêter en dépit de la mobilisation de 14 000 policiers pour les surveiller. L’argent du pétrole représentera cette année un pactole de 14 milliards de dollars, trois fois plus qu’en 2003, année marquée par le quasi-arrêt des exportations. C’est dans cette caisse que puisent les États-Unis pour financer les travaux de reconstruction : près de 4 milliards de dollars de contrats ont déjà été attribués, pour l’essentiel au groupe Halliburton, proche de l’administration Bush. Ils ont permis de rétablir la capacité du pays presque à son niveau d’avant-guerre (2,8 millions de b/j).
Le projet américain de faire de l’Irak un concurrent sérieux de l’Arabie saoudite n’a que peu de chances d’être réalisé, d’autant que cette dernière s’impose plus que jamais comme le premier fournisseur mondial de pétrole. Le ministre Ali Naïmi l’a rappelé le 24 mai : son pays a décidé d’outrepasser son quota à l’Opep pour calmer l’appétit du marché (9,1 millions de b/j, soit 600 000 barils de plus) et pour augmenter sa capacité de 20 %, de 10 millions à 12 millions de b/j. Soit quatre fois l’objectif de Paul Bremer en Irak (3 millions de b/j en décembre 2004).
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