G5 Sahel : les Américains refusent le « mandat renforcé » réclamé par Maman Sidikou à l’ONU
Le secrétaire permanent de la force militaire G5 Sahel, Maman Sidikou, a réclamé mercredi au Conseil de sécurité « un mandat renforcé » pour cette unité antijihadiste naissante. Mais la demande a été aussitôt rejetée par les États-Unis, qui refusent toute implication accrue de l’ONU.
« Nous sommes encore loin d’avoir atteint une bonne vitesse de croisière dans la mise en oeuvre concrète de notre réponse sécuritaire à la crise qui menace de totalement déstabiliser le Sahel et ses environs », a résumé Maman Sidikou mercredi 23 mai.
Formée de troupes du Niger, du Tchad de Mauritanie, du Mali et du Burkina Faso, la force G5 Sahel doit comprendre à terme 5 000 militaires. « Même si plus de 80 % de nos effectifs sont déjà déployés à notre quartier-général de Sévaré et au niveau des trois zones opérationnelles, il n’en demeure pas moins que nos troupes sont encore généralement mal équipées, les bases militaires et plus globalement la logistique nécessaire à une intervention efficace font défaut », a-t-il précisé.
Opposition ancienne des Américains
D’où sa demande auprès des Nations unies pour fournir un « apport à un niveau plus approprié » à la force G5 Sahel que l’actuel soutien logistique fourni par les Casques bleus déployés au Mali, qui est jugé trop limité. Ceci passe « par des contributions obligatoires » des membres de l’ONU, a-t-il estimé.
Mais les États-Unis ont opposé une fin de non-recevoir à cette demande, en raison de leur opposition ancienne à voir l’ONU s’impliquer dans la force G5 Sahel. Son financement et ses moyens ne viennent que de contributions volontaires (pays fournissant les troupes ainsi que la France, l’Union européenne, l’Arabie saoudite…).
« Une combinaison d’appuis bilatéraux et multilatéraux au Sahel permettra de satisfaire les besoins financiers et logistiques de la force », a estimé à cet égard la diplomate représentant les États-Unis au Conseil de sécurité, Amy Tachco. Elle a également rappelé les millions de dollars déjà apportés à la région d’une manière bilatérale par Washington depuis des années.
« Il reste beaucoup à faire »
Il est nécessaire « de doter la Force Conjointe (G5 Sahel) d’un mandat renforcé » et « des ressources nécessaires pour achever son opérationnalisation et assurer sa pleine capacité d’intervention », a pourtant insisté Maman Sidikou, qui a dirigé au cours de sa carrière plusieurs opérations de maintien de la paix de l’ONU.
« Il reste encore beaucoup à faire », a abondé la secrétaire générale adjointe aux opérations de maintien de la paix des Nations unies, Bintou Keita, en évoquant les « retards » pris dans la mise en oeuvre de la force. Elle a aussi réclamé « des contributions obligatoires » des membres de l’ONU pour assurer une aide pérenne au G5 Sahel.
Fatima Kyari Mohammed, représentante de l’Union africaine auprès des Nations unies, a demandé également un soutien plus fort de l’ONU à l’unité militaire naissante, avec « un mandat robuste sous chapitre 7 » de la Charte qui autorise le recours à la force.
« Nous n’accepterons aucune proposition allant dans ce sens au Conseil de sécurité », a rétorqué sèchement la représentante américaine. Elle a demandé aux pays ayant prévu des contributions financières de « décaisser les fonds promis ».
« Des avancées importantes »
Pour sa part, l’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre, a fait valoir des « avancées importantes » dans la mise en oeuvre de la force G5 Sahel, dont la création avait été ardemment poussée en 2017 par la France. « Les progrès sur le terrain sont réels », a-t-il assuré alors que la force a effectué deux opérations depuis sa mise sur pieds.
Dans un communiqué adopté mercredi 23 mai, le Conseil de sécurité appelle les cinq membres fondateurs du G5 Sahel à lui faire « atteindre sa pleine capacité opérationnelle dès que possible » et aux donateurs à débloquer leurs fonds « pour accélérer sans retard » la pleine aptitude de la force à agir.
Il demande d’autre part des enquêtes sur toute allégation de violation des droits de l’homme en lien avec l’activité de la nouvelle unité militaire internationale, une mention qui semble répondre à une préoccupation exprimée mercredi par les États-Unis.
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