Rwanda – Clare Akamanzi : « Nous comptons créer 150 000 emplois par an d’ici 2025 »
La directrice du Rwanda Development Board, Clare Akamanzi, détaille à Jeune Afrique la stratégie du pays pour attirer des investisseurs étrangers.
Souvent décrit comme le Singapour ou comme la Suisse de l’Afrique, le Rwanda ne cesse d’attirer de nouveaux investissements. Artisan de cette politique, le Rwanda Development Board (RDB), qui a annoncé le 23 mai la signature d’un partenariat avec le club de football Arsenal, au même moment où le président rwandais Paul Kagame effectuait une visite en France, a enregistré une augmentation des investissements.
Cette agence nationale de promotion des investissements a ainsi enregistré en 2017 1,675 milliard de dollars d’investissements, soit une augmentation de 515 millions par rapport à 2016. Sa directrice générale fait le point pour Jeune Afrique sur ses activités et sur ses ambitions de transformer le pays en un hub logistique et un centre de production.
Jeune Afrique : Comment avancent vos plus grands projets ?
Clare Akamanzi : Notre plus grand projet à l’heure actuelle est l’aéroport de Bugesera. Il nous permettra de multiplier presque par quatre le nombre de visiteurs au Rwanda. À ce stade, il est construit à 20 %. Nous espérons qu’il sera achevé à la fin 2019-début 2020.
L’énergie est notre autre plus gros chantier, au travers de deux gros projets qui ont pour but de convertir du gaz méthane en électricité. D’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars, ils sont menés par deux entreprises américaines, Symbion Power et KivuWatt. Symbion Power vient tout juste de démarrer. La centrale de KivuWatt a déjà fourni 25 megawatt au réseau.
Nous avons d’autres projets d’infrastructures à Kigali, parmi lesquels deux universités. Le nouveau bâtiment de la Carnegie Mellon University, une des plus grandes universités mondiales d’ingénierie, qui travaille au Rwanda depuis sept ans, est achevé à 90 %. La University of Global Health Equity, qui est une université pour des docteurs et pharmaciens, est aussi en chantier.
Vous avez atteint 1,675 milliard de dollars d’investissements en 2017. Quel montant souhaitez-vous atteindre cette année ?
Notre cible : franchir la barre des deux milliards de dollars d’investissements d’ici décembre prochain.
Comment êtes-vous parvenu l’année dernière à augmenter la valeur des investissements ?
Nous avons augmenté le montant des investissements de 42 % en deux ans. Il y a plusieurs raisons à l’arrivée des investissements au Rwanda. La première, c’est la manière dont le pays a amélioré son climat des affaires. Comparé à d’autres pays, c’est plus facile d’y faire du business.
>>> A LIRE – Rwanda : comment Kigali devient une destination pour le tourisme d’affaires
La seconde, c’est que nous sortons et allons à la rencontre des investisseurs, nous leur parlons individuellement, regardons leur projet au cas par cas et comprenons ce dont ils ont besoin. Et comme nous le leur fournissons, ils peuvent s’établir au Rwanda. Ce fut le cas pour l’entreprise macédonienne PLG, spécialisée dans le raffinage de tantale, ou pour l’entreprise Singita dans les projets hôteliers.
Nous espérons que notre futur hub aéroportuaire dopera le tourisme, pour nous permettre de passer de 150 à 800 millions de dollars de revenus en sept ans
Vous misez beaucoup sur le tourisme. Pensez-vous que le développement de ce secteur sera suffisant à lui tout seul pour créer des emplois ?
Le tourisme créera beaucoup d’emplois. C’est un des principaux employeurs du Rwanda de demain. Nous espérons que notre futur hub aéroportuaire dopera le tourisme, pour nous permettre de passer de 150 à 800 millions de dollars de revenus en sept ans.
Bugesera sera un employeur clé, le secteur de l’aviation aura besoin d’employer de nombreuses personnes pour servir les secteurs de la maintenance, du cargo ainsi que notre compagnie Rwandair. Mais un autre secteur, celui de l’industrie pourvoira aussi beaucoup d’emplois. Nous ne voulons pas nous concentrer sur un seul secteur.
Quels investisseurs voulez-vous attirer à présent ?
En priorité, des investisseurs dans le secteur de la fabrication, de construction de matériaux, comme le verre, le bois, l’acier, de tuyaux, tout ce qui est utile à la construction. Nous souhaitons aussi attirer des investisseurs dans le textile, pour faire du Rwanda un lieu important de production.
Nous espérons attirer des compagnies comme Olam, Nestlé, Unilever ou Danone, qui pourraient produire de la nourriture
On souhaite aussi amener des investissements dans l’agroalimentaire. On espère attirer des compagnies comme Olam, Nestlé, Unilever ou Danone, qui pourraient produire de la nourriture. Nous discutons actuellement, avec ces acteurs, de l’expansion de nos activités de transformation de thé.
Nous visons aussi le secteur de la sous-traitance, dans les technologies de l’information. Nous souhaitons attirer des sièges d’entreprise. Nous voulons aussi renforcer la place du Rwanda comme hub du savoir, mettre en place le développement des compétences, faire venir des universités. Le tourisme médical est aussi un autre domaine d’intérêt. Nos hôpitaux devront soigner des gens qui vont par exemple se soigner en Inde ou ailleurs dans le monde…
Par ailleurs, nous voulons explorer davantage notre potentiel minier. Nous avons découvert que nous avions de nouveaux minéraux, nous devons sortir le plus de volumes possibles, mais aussi nous voulons apporter de la valeur ajoutée, traiter les minerais bruts, l’or. Ainsi, notre objectif principal est d’accroître les exportations et créer des emplois. Nous comptons créer 150 000 emplois chaque année dans les sept prochaines années. La zone de libre-échange continentale constitue une grande opportunité pour le commerce de produits made in Rwanda.
Le Rwanda est réputé disposer d’un bon climat des affaires. Y a-t-il cependant des points que vous comptez encore améliorer dans ce domaine ?
Nous avons été capable de réussir la facilitation du climat des affaires, de mettre au point les procédures légales, le transfert de propriété… Nous sommes les seconds après Maurice, et à la 41e place au niveau mondial.
Mais faire des affaires coûte toujours cher. Le coût des intérêts lorsque des prêts sont contractés pour financer des projets, celui de l’électricité et du transport – particulièrement le transport régional -, doivent baisser. C’est aujourd’hui notre priorité.
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