Maroc : Nasser Zefzafi, le leader du Hirak, entame une grève de la faim
Alors que son procès s’enlise, le jeune rifain dénonce les conditions de sa détention et de son jugement. Nasser Zefzafi est poursuivi pour de lourdes accusations pouvant lui valoir la peine de mort.
Le leader de la contestation dans le Rif, Nasser Zefzafi, est entré en grève de la faim mercredi 23 mai – et 7e jour du Ramadan -, pour protester contre le déroulement de son procès et les conditions de sa détention, a affirmé à Jeune Afrique son avocate, Naima El Guellaf.
« Il est détenu dans une cellule individuelle, complètement isolée, et il ne voit aucun de ses codétenus », a-t-elle déclaré. À part Zefzafi, 53 autres Rifains sont actuellement dans la prison de Oukacha à Casablanca, dans l’attente de leur jugement pour différents griefs, dont une « atteinte à la sûreté intérieure de l’État », qui plane sur la tête de leur leader et qui lui fait encourir la peine capitale.
Dans une vidéo YouTube, la mère de Nasser Zefzafi a aussi annoncé la grève de la faim de son fils, l’appelant à rester « inébranlable ». Elle est apparue dans le même salon où ce dernier avait l’habitude de filmer ses discours enflammés contre les autorités avant son arrestation.
https://www.youtube.com/watch?v=On6d9bpS-E4
Nasser Zefzafi, 39 ans, a été arrêté le 29 mai 2017 à la sortie d’une mosquée dans la ville d’El Hoceima, où il avait proféré des insultes contre un imam hostile au mouvement qu’il dirige, le Hirak, nom donné à la contestation qui a secoué la région du Rif entre 2016 et 2017, suite à la mort accidentelle d’un marchand de poisson. Transféré à Casablanca, il a été longuement auditionné par la police judiciaire qui a décidé de transférer son dossier à la justice, le soupçonnant d’avoir coordonné sa fronde avec des Marocains de l’étranger qualifiés comme « des séparatistes ». À la barre, il a rejeté ces accusations dénonçant « un procès politique » visant à étouffer les revendications légitimes de la population rifaine.
Accusations de torture
Après instruction, son procès, ainsi que celui des 53 autres détenus, a démarré à la mi-septembre devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca dans une ambiance tendue. Un nombre important d’avocats et de militants des droits de l’homme ont assisté à ces séances marquées par des échanges virulents sur la nature des preuves que le parquet affirme détenir contre Zefzafi et ses codétenus. Durant toutes ces audiences, ce dernier a soutenu que ces preuves étaient « falsifiées » et qu’il aurait subi « des tortures » au moment de son arrestation en mai 2017. Accusations démenties par le procureur général. Ce dernier a fait savoir que les résultats de l’enquête diligentée à ce propos, ainsi que les expertises médicales, démentent ce que prétendent les prévenus.
Selon la défense de Nasser Zefzafi, une trentaine de témoins sont actuellement en cours d’audition dans ce procès qui promet encore des rebondissements.
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