Noix de cajou : la Côte d’Ivoire peine à vendre sa production

Fiscalité élevée, qualité dégradée… Premier exportateur mondial depuis deux ans, la Côte d’Ivoire peine cette année à vendre sa production d’anacarde. Pour le gouvernement, la piste de la transformation locale s’impose, mais celle-ci n’en est qu’à ses balbutiements.

En 2018, la Côte d’Ivoire peine à vendre sa production de noix de cajou (photo d’illustration) © Sylvain Cherkaoui pour JA

En 2018, la Côte d’Ivoire peine à vendre sa production de noix de cajou (photo d’illustration) © Sylvain Cherkaoui pour JA

Publié le 24 mai 2018 Lecture : 2 minutes.

Débutée en février dernier, avec l’annonce du prix plancher bord champ à 500 francs CFA (0,76 euros) le kilogramme, la campagne d’anacarde 2018 enregistre depuis plusieurs semaines des tensions.

La commercialisation connaît des blocages tant dans les régions productrices que dans les ports d’Abidjan et de San Pedro, où les noix de cajou ne trouvent pas preneurs. Une situation inédite dans cette filière où la Côte d’Ivoire est devenue depuis deux ans le premier exportateur mondial, avec plus de 711 000 tonnes en 2017.

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Plusieurs raisons expliquent ce blocage. « L’Inde et le Vietnam sont les deux plus gros importateurs de noix de cajou, mais malgré la demande, les exportateurs rechignent cette année à acheter, notamment à cause de la parafiscalité qui ne nous rend plus compétitifs », explique un acteur de la filière, qui pointe « le droit unique de sortie (DUS) », principale taxe du gouvernement applicable à cette campagne, qui équivaut à 10 % de la valeur CAF.

Une transformation onéreuse

Autre problème, la stratégie de certains producteurs consistant à stocker leurs récoltes en misant sur un renchérissement des prix, mais qui a surtout conduit à une dégradation de la qualité du produit. Résultat, « alors que le prix bord champ était fixé à 500 francs CFA, les producteurs se sont retrouvés avec des propositions comprises entre 250 et 400 francs CFA le kilogramme », a confié un membre d’une coopérative de paysans basée dans le Nord.

« Le gouvernement travaille à la mise en place d’une filière de transformation et d’industrialisation. Des mesures incitatives pour les transformateurs locaux ont été mises en œuvre. Il s’agit de créer des conditions qui rendent complexe l’exportation de noix brute », a expliqué Bruno Koné, porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Poste.

La Côte d’Ivoire a une capacité de transformation de 150 000 tonnes, mais seules 44 628 tonnes, soit 6,62 % de la production, sont effectivement transformées en 2018. Malgré les efforts du gouvernement pour aller vers la transformation, le pays demeure non compétitif par rapport à l’Inde et le Vietnam, notamment parce que les coûts y sont plus élevés, de l’électricité à la main-d’œuvre. Ces facteurs encouragent les multinationales à préférer l’exportation de noix brute vers leurs pays. Le gouvernement ivoirien réfléchit à trouver des solutions pour décanter cette situation très préjudiciable aux paysans.

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