Burundi : l’opposition dépose un recours contre les résultats du référendum

La coalition d’opposition qui a fait campagne au Burundi pour le « non » lors du référendum du 17 mai a déposé jeudi un recours en nullité devant la Cour constitutionnelle, estimant que la consultation n’avait pas été « libre ».

Lors d’un meeting du CNDD-FDD en faveur du « oui » au référendum constitutionnel au Burundi, le 14 mai 2018 à Bujumbura. © STR/AP/SIPA

Lors d’un meeting du CNDD-FDD en faveur du « oui » au référendum constitutionnel au Burundi, le 14 mai 2018 à Bujumbura. © STR/AP/SIPA

Publié le 24 mai 2018 Lecture : 2 minutes.

« Nous venons de déposer notre plainte pour demander que les résultats du référendum du 17 mai 2018 soient annulés », a déclaré à la presse jeudi, Pierre-Célestin Ndikumana, le président du groupe parlementaire Amizero.

Les Burundais ont largement approuvé (73,2% pour le oui) une réforme de la Constitution qui laisse la possibilité au président Pierre Nkurunziza de rester en poste jusqu’en 2034.

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Avant même que les résultats soient annoncés, les tenants du non, emmenés par l’ancien leader rebelle Agathon Rwasa au sein de la coalition Amizero y’Abarundi (Espoir des Burundais), avaient rejeté l’issue de la consultation, selon eux inéquitable et marquée par les intimidations du régime.

« Il y a eu beaucoup d’intimidations, des arrestations, des gens étaient empêchés de participer à nos meetings de campagne », a expliqué Pierre-Célestin Ndikumana.

« Ça a été catastrophique le jour du scrutin avec nos mandataires qui étaient empêchés d’entrer dans les bureaux de vote, d’autres ont été emprisonnés ou chassés des bureaux. Le vote n’était pas libre car des gens accompagnaient les votants dans les isoloirs », a-t-il poursuivi.

Amizero avait également dénoncé peu après le référendum des cas de bourrage d’urnes et de procès-verbaux trafiqués. « Nous avons fait notre devoir, nous sommes optimistes par rapport aux éléments de preuve que nous avons fournis à la cour », a ajouté le député. Mais cette démarche n’a que très peu de chances d’aboutir, la Cour constitutionnelle étant depuis 2015 largement soumise au pouvoir.

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« Relancer » le dialogue

Le Burundi est plongé dans une grave crise politique depuis l’annonce de la candidature controversée de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, en avril 2015. Les violences ont fait au moins 1 200 morts et plus de 400 000 réfugiés entre avril 2015 et mai 2017, d’après les estimations de la Cour pénale internationale (CPI), qui a ouvert une enquête.

Pour ses critiques, le référendum qui vient d’être organisé au Burundi enterre les derniers espoirs d’un retour au dialogue et casse l’équilibre politico-ethnique garanti par l’accord de paix d’Arusha, signé en 2000. Cet accord avait ouvert la voie à la fin de la guerre civile (plus de 300 000 morts entre 1993 et 2006), en instaurant un système de partage du pouvoir entre les deux principales ethnies, Hutus et Tutsis.

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Jeudi, l’envoyé spécial de l’ONU pour le Burundi, Michel Kafando, a lancé un appel aux autorités du pays pour « relancer le dialogue ». « Ce n’est qu’à travers un dialogue inclusif » que le Burundi « sortira de la crise actuelle », a-t-il déclaré au Conseil de sécurité, en jugeant la situation sécuritaire globalement « calme ».

 Le Suisse Jürg Lauber, président du comité des Nations unies chargé de la paix au Burundi, a pour sa part indiqué que les autorités burundaises lui avaient dit, lors d’un récent voyage dans la pays, préparer « un plan de développement » économique qui pourrait être rendu public cet été.

Ce plan pourrait être l’occasion de relancer le dialogue entre le Burundi et des institutions comme l’Union européenne ou le Fonds monétaire internationale, a-t-il estimé.

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