Procès de Taoufik Bouachrine : le journaliste marocain confronté à des vidéos à charge

L’accusation assure qu’il s’agit bien de Taoufik Bouachrine dans des vidéos montrant des scènes de tentatives de viol. La défense dénonce le trucage de ces scènes, assurant que son client n’était pas présent sur les lieux au moment des faits.

Taoufik Bouachrine, directeur de la publication Akhbar Al Yaoum, a été interpellé le 23 février dans son journal à Casablanca. © YouTube/Yahya karami

Taoufik Bouachrine, directeur de la publication Akhbar Al Yaoum, a été interpellé le 23 février dans son journal à Casablanca. © YouTube/Yahya karami

Publié le 25 mai 2018 Lecture : 2 minutes.

L’affaire attire les médias marocains du fait de la notoriété de l’accusé et de la gravité des charges qui pèsent contre lui. Le procès du journaliste Taoufik Bouachrine a connu un nouvel épisode cette semaine après la projection, depuis lundi 21 mai, d’une douzaine de vidéos présentées comme des preuves des violences sexuelles dont il est accusé. Celles-ci ont polarisé les audiences à huis clos à la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca.

Arrêté le 23 février et incarcéré depuis, l’ancien directeur de publication du quotidien arabophone Akhabar Al Yaoum est accusé de « traite d’êtres humains », « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol ». Mais ce journaliste de 49 ans, connu pour son ton critique, nie tout en bloc et dénonce un « procès politique ».

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« Bouachrine est poursuivi parce qu’il apparaît dans des vidéos confirmant les charges retenues contre lui », a affirmé le procureur général du roi, qui a supervisé l’enquête préliminaire.

50 vidéos saisies

Au total, 50 vidéos ont été saisies dans le bureau de M. Bouachrine, qui conteste leur authenticité et assure qu’il ne se trouvait pas au journal aux dates indiquées sur les images. « Ces vidéos montrent des scènes de tentatives de viol sur une des cinq parties civiles, […] deux de mes clientes y apparaissent, Bouachrine les obligent à des pratiques abjectes ; elles peuvent avoir l’air consentantes mais elles ne le sont pas, car elles ne pouvaient pas lui dire [non] par peur d’être licenciées », a affirmé Habib Hajji, avocat de quatre plaignantes, joint par l’AFP. Selon lui, « il est clair que c’est bien Bouachrine qui apparaît dans ces vidéos, toutes filmées dans son bureau ».

La défense de M. Bouachrine affirme néanmoins disposer de « preuves très solides qu’il ne peut s’agir de lui dans les vidéos » puisque des contraventions routières, un certificat d’hospitalisation, des relevés d’opérations bancaires et des localisations géographiques provenant de relevés téléphoniques montrent « qu’il se trouvait ailleurs ». Ses avocats assurent également que le registre des communications téléphoniques présenté au procès a été « retravaillé » pour en effacer les localisations géographiques qui pourraient l’innocenter.

La défense se rebiffe

En outre, « les prétendues vidéos et les PV en découlant ont fait l’objet de plusieurs procédures de faux […] que le tribunal a refusé d’examiner sans motif », affirme la défense.

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Selon le procureur du roi, ces plaintes « ont été refusées parce qu’elles n’ont aucun fondement légal ». « Nous sommes prêts à soumettre toutes les vidéos à toutes les expertises techniques pour prouver que c’est bien Bouachrine qui y figure, il suffit que ses avocats le demandent », a-t-il assuré.

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