Maroc : Hakim Benchamach en bonne voie pour succéder à Ilyas El Omari au PAM
Le principal parti d’opposition au Maroc élira ce samedi le successeur de son secrétaire général démissionnaire, Ilyas El Omari. Hakim Benchamach, le candidat de la continuité, est en pole position pour être déclaré vainqueur à l’issue de cette session au cœur de tensions internes.
Il est le grand favori, celui qu’on présente comme « le successeur naturel de Si Ilyas » à la tête du Parti authenticité et modernité (PAM), premier parti d’opposition du Maroc. Hakim Benchamach est sur toutes les langues à la veille de la session extraordinaire du Conseil national de ce parti, prévue ce samedi 26 mai, et qui devra élire un nouveau secrétaire général à la place de Ilyas El Omari, démissionnaire depuis août 2017.
N’ayant comme point à l’ordre du jour que cette succession, au lieu de renouveler également le Conseil national et le Bureau politique, comme il est coutume, la réunion du parti suscite des tensions en interne et des charges contre Ilyas El Omari, accusé par des opposants de vouloir imposer un de ses fidèles à sa place.
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Trois cadres du parti ont pour le moment fait connaître leur candidature, – même si la liste reste encore ouverte jusqu’à ce samedi conformément aux statuts du parti – : Hakim Benchamach, président de la deuxième Chambre du Parlement, Samir Aboulkacem, membre du bureau politique et El Haiba Addi, membre du Conseil national.
Mais Hakim Benchamach, 55 ans, l’emporte haut la main chez les cadres interviewés par Jeune Afrique. Et pour plusieurs raisons. C’est un Rifain du nord du Maroc, originaire de la même localité que Ilyas : Beni Bouayach. Il partage avec ce dernier la même fibre de gauche qui a été à l’origine de la création du parti en 2009. Ils ont tous les deux milité au sein de l’extrême gauche dans leur jeunesse et ont même été en prison. Ils savent croiser le fer avec les islamistes, leurs ennemis idéologiques. Et en plus, Hakim Benchamach a une expérience indéniable dans les rouages officiels de l’État en tant que président de la deuxième chambre du Parlement.
Le clan des déçus
« Tous ces éléments font que Benchamach est notre candidat idéal », tranche un haut dirigeant du PAM. À l’issue d’une réunion des leaders du parti, jeudi 24 mai, il a été qualifié comme le « candidat du consensus ». « Il incarne la solution du milieu. Nous avons expliqué à Ilyas El Omari, qui voulait imposer ses fidèles, qu’il n’y a que lui qui peut diriger le parti dans ces circonstances difficiles de contestations sociales et de perte de crédibilité de la classe politique », témoigne Abdellatif Ouahbi, membre du bureau politique.
« Ilyas ou Hakim, c’est bonnet blanc, blanc bonnet », rétorque Hassan Benaddi, principal détracteur d’Ilyas El Omari qui ne compte pas assister à la réunion élective de samedi car « le match est joué d’avance ». Au lieu de choisir un successeur à Ilyas El Omari dans la précipitation, il aurait voulu que son parti élise une direction collégiale qui le mènerait vers le prochain Congrès prévu en janvier 2020, ce qui lui permettra, à l’occasion, de réviser toutes ses instances. Il voulait que son parti, né il y a dix ans de la volonté de quelques personnalités proches du sérail, aille vers « la normalisation », qu’il sonde les bases sur leurs attentes en termes de leadership, qu’il les écoute. « On ne m’a pas entendu. Ce n’est pas grave. Je reste fidèle à mes idées », lâche-t-il.
Près de 1000 personnes sont attendues à cette session extraordinaire du Conseil national qui se tiendra dans le palais des Congrès de Salé (ville limitrophe de Rabat), juste après la rupture du jeûne. Les élections débuteront après un discours du secrétaire général sortant. Mais les résultats ne sont attendus qu’aux premières heures de dimanche.
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