Centrafrique : le casse-tête des contingents de l’ONU
L’ONU peine à trouver des Casques bleus à envoyer en Centrafrique, pays en conflit depuis 2013 où les violences restent quasi-quotidiennes et où plus d’un quart de la population a dû fuir son domicile.
Sur le terrain, la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) tente bon gré mal gré depuis 2014 de prévenir les violences dans des provinces majoritairement contrôlées par les groupes armés, qui se battent pour contrôler les ressources et asseoir leur influence.
En octobre 2017, « conscient des difficultés d’une opération de maintien de la paix avec des ressources limitées », le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait demandé un renforcement de la Minusca.
Mi-novembre, le Conseil de sécurité avait approuvé l’envoi de 900 Casques bleus supplémentaires pour une mission qui en compte déjà 10.000.
Mais six mois plus tard, seuls 400 des 900 Casques bleus promis sont arrivés.
Parmi ces « soldats de la paix » supplémentaires, 600 doivent venir du Népal et le reste du Rwanda, selon une source onusienne, qui indique « qu’ils devraient tous être là avant le renouvellement du mandat de la mission » fin 2018.
Ces arrivées doivent mettre fin à six mois de pourparlers acharnés pour convaincre des pays membres de l’ONU d’envoyer des troupes en Centrafrique: successivement, ont été contactés le Brésil, le Canada, la Colombie, la Côte d’Ivoire et l’Uruguay. Mais aucune de ces pistes n’a abouti.
« Faiblesses majeures »
En avril, Abidjan avait bien annoncé une contribution de 450 soldats à la Minusca, mais l’information a été démentie à l’AFP par des sources onusiennes.
« Ce n’est pas que personne ne veut aller dans le bourbier centrafricain, c’est que c’est un bourbier qui ne sert à rien », affirme à l’AFP Thierry Vircoulon, spécialiste de la Centrafrique à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
De son côté, Libreville avait indiqué en mars avoir décidé de retirer ses 444 soldats de la Minusca, à la suite de « problèmes d’équipement et d’abus sexuels », selon un responsable de l’ONU à l’époque. Mais des négociations sont en cours pour que les Gabonais restent. « Leur départ prévu en juin a été reporté au 30 septembre », selon une source onusienne.
Elle ajoute que le ministre gabonais de la Défense, Etienne Massard, doit prochainement se rendre au siège de l’ONU à ce sujet. Interrogées par l’AFP, les autorités gabonaises n’ont ni confirmé ni infirmé l’information.
En parallèle, des enquêtes ont été lancées au Gabon et à l’ONU concernant les accusations d’abus sexuels ou de vente de munitions à une milice armée.
« Comme beaucoup de missions onusiennes, la Minusca présente plusieurs faiblesses majeures. Elle est d’abord sous-dimensionnée et sous-équipée. Face à la multiplication des +points chauds+, la mission est complètement débordée », indiquait dans son dernier rapport paru fin 2017 International Crisis Group (ICG).
« Révision de la stratégie »
« Le problème fondamental des contingents de Casques bleus (en Centrafrique) n’est pas leur quantité mais leur qualité », estime M. Vircoulon.
Fin 2017, une enquête interne de l’ONU a ainsi recommandé une « révision de la stratégie de protection des civils pour s’assurer que sa réponse opérationnelle soit mieux adaptée ».
De nombreuses critiques fusent sur les contingents présents en RCA, ses détracteurs les accusant de « passivité » quand ce n’est pas de « collusion » avec certains groupes armés.
Depuis mi 2017, différentes enquêtes internes ont été ouvertes sur des violences avec morts de civils impliquant des soldats des contingents marocain, rwandais, mauritanien.
Un bataillon de plus de 600 soldats du Congo-Brazzaville avait été renvoyé en juin 2017 après des accusations d’agressions sexuelles et divers trafics. En 2016, 120 Casques bleus congolais avaient déjà été renvoyés pour les mêmes motifs.
Près d’un tiers des cas d’abus sexuels recensés par l’ONU en 2017 au sein de ses 15 missions de paix dans le monde concernait la Minusca.
Présente depuis 2014 dans le pays, la mission onusienne – qui a perdu trois soldats tués en opération depuis janvier – a pour principal objectif la protection des civils en Centrafrique.
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