Récoltes miraculeuses

Grâce aux pluies abondantes de l’automne et du printemps, la campagne céréalière s’annonce exceptionnelle en Algérie, au Maroc et en Tunisie.

Publié le 1 juin 2004 Lecture : 3 minutes.

Branle-bas de combat en Algérie, au Maroc et en Tunisie, les trois principaux producteurs céréaliers du Maghreb. À peine l’invasion des acridiens, qui menace depuis le printemps, a-t-elle été enrayée que l’on se mobilise pour la saison des moissons. Celles-ci ont commencé à la mi-mai pour l’orge et les fourrages. Pour le blé, le coup d’envoi sera donné au mois de juin.
Fait rarissime dans cette région où les périodes d’abondance alternent avec des vagues de sécheresse – et pas toujours en même temps dans chaque pays -, la pluviosité a été partout abondante et régulière. On s’attend donc, pour la seconde année consécutive, à des récoltes exceptionnelles. Meilleures encore, sans doute, que l’an dernier, et, accessoirement, supérieures aux prévisions budgétaires pour 2004. Les trois pays étant de gros importateurs de céréales, c’est une excellente nouvelle pour leurs balances des paiements.
En volume, la plus importante devrait être enregistrée au Maroc, où Mohamed Laenser, le ministre de l’Agriculture, table sur 81 millions de quintaux, résultat sans précédent depuis quinze ans et supérieur de 80 % à la moyenne des cinq dernières années. Compte tenu du score déjà remarquable enregistré l’an dernier (80 millions de q), l’incidence sur la croissance agricole ne devrait toutefois pas dépasser 4 %. Du coup, la progression du Produit intérieur brut (PIB) restera limitée à 3,3 %, contre 5,2 % en 2003.
En Algérie, la récolte devrait être supérieure à celle de l’an dernier (43 millions de q) et environ deux fois plus importante que la moyenne des dernières années. Progression attendue du PIB : 5,1 % en 2004, contre 6,7 % l’année précédente. En Tunisie, Habib Haddad, ministre de l’Agriculture, se montre prudent. À l’en croire, la récolte sera « bonne, voire très bonne », sans plus de précisions. Mais les agriculteurs sont convaincus qu’elle sera supérieure aux 29 millions de q de la saison dernière, soit, là encore, le double de la moyenne des dernières années. Si l’hypothèse se vérifie, le PIB devrait progresser au même rythme qu’en 2003 (5,6 %).
Pour tirer le meilleur parti de ce don du ciel, les préparatifs vont bon train. Des dizaines de tonnes de fil de fer, dont le prix a plus que doublé ces derniers mois sur les marchés mondiaux, ont par exemple été importées. Partout, les structures d’appui veillent à ce que les sacs soient disponibles en nombre suffisant et les moyens de transport mobilisables rapidement. La capacité des silos existants étant insuffisante, des zones d’entreposage provisoire ont été aménagées partout cela est nécessaire.
L’objectif principal est de lutter contre le gaspillage et, surtout, de faire en sorte que les récoltes soient « rentrées » le plus tôt possible. Car à la menace habituelle des intempéries, susceptibles de tout compromettre jusqu’à la dernière minute, s’ajoute cette année celle des criquets pèlerins. Apparue au mois de février en Mauritanie, l’invasion acridienne s’est rapidement étendue aux pays voisins et a nécessité la mise en place de moyens de veille et de prévention exceptionnels. Avec le concours de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il a fallu procéder au traitement préventif (au moyen de pesticides) de plusieurs millions d’hectares, notamment au Maroc (1 million d’ha traités, dont 400 000 infestés par des larves), en Algérie (plus de 0,5 million d’ha) et, à un degré moindre, dans le Sud tunisien. Dans les trois pays, l’armée a été mobilisée pour les opérations de traitement. Aucun dégât n’a jusqu’à présent été signalé. Mieux, depuis le début du mois, le danger semble écarté. Mais les enjeux sont tels que la vigilance reste de mise.

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