Piraterie, mode d’emploi

Les attaques contre des bateaux se multiplient sur les côtes africaines. Au Nigeria, notamment, une des zones les plus dangereuses au monde.

Publié le 1 juin 2004 Lecture : 3 minutes.

Vendredi après-midi, 23 avril. Un bateau de la compagnie pétrolière ChevronTexaco navigue paisiblement sur le fleuve Bénin, dans l’État du Delta, au Nigeria. Il ramène neuf travailleurs de la société qui viennent de rouvrir des puits près de la ville de Warri. C’est alors qu’éclatent des coups de feu. Cinq des passagers, plus deux membres d’équipage, perdront la vie dans cette embuscade menée par un gang armé à bord de navettes rapides. Le gouverneur de l’État a offert une prime de 75 000 dollars pour toute information permettant de capturer les criminels. Face à la recrudescence des attaques fluviales et maritimes, le président Obasanjo a également renforcé les patrouilles dans les zones sensibles. Les actes de piraterie et les prises d’otages sont légion dans la riche région pétrolière du Delta du Niger.
Le Bureau international des affaires maritimes (IBM), dans son rapport annuel 2003, signale que les attaques contre les bateaux ont triplé l’année dernière au Nigeria (39 actes criminels), ce qui fait des eaux du pays une des zones les plus dangereuses du monde. À l’échelle du continent, l’IBM enregistre également une augmentation des incidents avec 93 attaques, contre 78 en 2002. Parmi les États les plus exposés à la piraterie maritime et fluviale, outre le Nigeria, le Sénégal a connu 8 incidents en 2003, la Tanzanie 5, la Guinée 4, l’Angola et le Ghana 3. L’IBM souligne une diminution des attaques au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Cameroun. Lagos et Dakar sont les ports africains les plus périlleux pour les marins.
Le profil des pirates est très variable. On retrouve des bandes très organisées, mais aussi des individus mi-pêcheurs mi-bandits et des contrebandiers qui sautent sur les proies faciles. « Ils sont actifs du Sénégal à l’Angola, explique le ministère français des Affaires étrangères. Leurs attaques, d’une extrême violence, se déroulent généralement lorsque les navires se trouvent au mouillage. Les pirates nagent sans bruit jusqu’à l’embarcation, montent à l’abordage et en prennent possession en quelques minutes. »
La plupart de ces actes visent d’abord les pétroliers et les porte-conteneurs dont les cargaisons sont pillées. Mais les plaisanciers sont loin d’être à l’abri. La France encourage ses navigateurs à être particulièrement vigilants lorsqu’ils passent par le golfe d’Aden et la côte somalienne. Et à ne pas accoster, sauf obligation commerciale, car « les risques de prises d’otages sont importants ». Notamment de la part des factions somaliennes qui n’hésitent pas à demander des rançons. L’IBM conseille pour sa part de ne pas s’approcher à moins de 100 milles des côtes de cette région.
En fait, de nombreuses bandes organisées sévissent en permanence dans la Corne de l’Afrique et se « sucrent » sur les navires qui alimentent en marchandises les ports de Dubaï et du Yémen. Plus généralement, les autorités françaises recommandent un certain nombre de mesures pour éviter d’être la proie des pirates. Elles consistent notamment à assurer des tours de garde dans les ports les plus sensibles et d’éviter le cabotage de nuit.
Ce phénomène de piraterie maritime ne semble pas près de s’arrêter tant que les pays africains ne se doteront pas de moyens de surveillance plus performants. L’IBM recommande aux propriétaires de navires et aux compagnies de transport maritime de s’équiper du sytème Ship-Loc qui permet de suivre la localisation des bateaux par satellite et de donner l’alerte en cas d’attaque. Et d’installer Secure-Ship, un équipement constitué d’une alarme très puissante et d’une ceinture électrique qui entoure l’embarcation et propage un courant de 9 000 volts lors des tentatives d’assaut. À bon entendeur, salut !

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