Maladie du sommeil : la lutte reprend
La piqûre de glossine (ou mouche tsé-tsé) transmet le parasite, le trypanosome, à l’homme. Et l’homme malade transmet à son tour le parasite à la glossine qui le pique.
Pour lutter contre la maladie du sommeil, Eugène Jamot crée vers 1930 la médecine mobile qui va dépister puis traiter les malades dans chaque village. Travail énorme. Résultats exceptionnels : la maladie qui menaçait de mort des régions entières était maîtrisée vers 1960. Par la suite, conflits et guerres ont désorganisé la lutte : en 1990, on comptait à nouveau 500 000 malades. Sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la lutte a repris en regroupant tous les participants officiels ou privés.
La piqûre infectante de la tsé-tsé ne laisse souvent aucune trace. Parfois apparaît une papule (un bouton) peu douloureuse, au sommet blanc^hâtre, qui disparaît en quelques jours. Après plusieurs semaines, le parasite envahit tout l’organisme par voie sanguine. Il se manifeste alors par une fièvre irrégulière et des démangeaisons, ainsi que des ganglions dans le cou. Le malade se plaint de douleurs musculaires, d’éruptions cutanées, de palpitations, de fatigue.
Les signes nerveux sont d’abord une modification du sommeil (hypersomnie diurne, insomnie nocturne), des troubles du comportement (colère, excitation, dépression, confusion). Puis apparaissent les troubles des fonctions vitales : température anarchique, excès ou absence de faim et de soif, impuissance. Les mouvements du malade deviennent imprécis, tremblés. Il est bientôt incapable de marcher et s’enfonce dans le coma ou est emporté par une maladie infectieuse.
Le diagnostic est fait par la découverte du trypanosome dans le sang ou les ganglions. Une ponction lombaire confirme l’atteinte nerveuse. En outre, un diagnostic sérologique (prise de sang) est disponible.
L’évolution diffère selon le parasite en cause. En Afrique de l’Est, TR.rhodesiense évolue en quelques semaines ou mois et dispose, outre l’homme, d’un réservoir animal, le gros bétail. En Afrique de l’Ouest TR.gambiense évolue en plusieurs mois ou années et n’a pas de réservoir animal confirmé (on soupçonne le porc).
La lutte contre la maladie nécessite à la fois le traitement des malades (réservoir des parasites) et des actions contre les glossines.
Le traitement fait appel à la pentamidine et à la suramine. À la phase nerveuse, on utilise le melarsoprol (avec hélas ! 5 % de réactions mortelles) et, depuis peu, l’efflornithine. L’OMS a obtenu la cession gratuite de ces médicaments pour tous les malades de 2001 à 2006. Et la fondation Bill-Gates a consacré quelques millions de dollars à la recherche thérapeutique (avec un médicament prometteur, le DB 289).
La lutte contre les glossines comporte le déforestage et le débroussaillage des gîtes, la pulvérisation d’insecticide, les pièges. Et peut-être demain la stérilisation des mâles.
À nouveau apparaît la possibilité de contrôler la maladie du sommeil. À condition que la paix permette un travail régulier, que des médecins soient formés à cette lutte, et les structures adaptées.
L’auteur remercie le Dr J. Jannin, responsable de la trypanosomiase à l’OMS, pour son aimable attention.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- L’arrestation du PDG du groupe CHO secoue l’huile d’olive tunisienne
- Les Obiang et l’affaire des sextapes : vers un séisme à la Cemac ?
- La DGSE française dans la tourmente après les accusations du Niger
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello
- Comment Air France compense son absence des États du Sahel