Kadhafi superstar

Trois petits tours et puis s’en va Le numéro un libyen n’est resté que quatre heures dansla capitale tunisienne. Mais il n’est pas passé inaperçu !

Publié le 1 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

On attendait un sommet arabe consensuel et sans surprise. C’était sans compter avec
Mouammar Kadhafi. À la dernière minute, le Guide libyen a entretenu le suspense quant à sa participation. Il n’a débarqué à l’aéroport de Tunis, emmitouflé dans une abaya brune
de bédouin et coiffé d’une chechia de même couleur, qu’une heure avant l’ouverture.
Arrivé bon dernier au Palais des congrès, il est accueilli à l’entrée par Zine el-Abidine Ben Ali, son hôte tunisien, qui l’entraîne à l’écart pour un aparté avec l’Algérien Abdelaziz Bouteflika. Les trois hommes finissent par rejoindre leurs collègues, Kadhafi s’installe, l’air énigmatique. Sur un signe de lui, son chef du protocole lui apporte un paquet de cigarettes de marque Dunhill. « Ce sont des américaines, elles ont bon goût »,
souffle-t-il à l’oreille de d’Hosni Moubarak, qui éclate de rire.
Kadhafi allume une cigarette et tire une bouffée avec affectation. Tous les regards sont braqués sur lui. « C’est mauvais signe, je l’ai vu un jour demander un cigare et faire des
ronds de fumée pour manifester son désaccord », commente un vieux routier des conférences interarabes. Ben Ali prononce son discours d’ouverture, et le Guide continue de fumer. Mais quand Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, arrive à la tribune pour présenter son rapport, il se lève et quitte la salle.
Préalablement informés, plusieurs journalistes gagnent le Palais des hôtes, à Gammarth, où Kadhafi, qui a eu le temps de revêtir un costume blanc bardé de décorations, les attend. « Je me suis retiré parce que je ne suis pas d’accord avec l’ordre du jour,
explique-t-il. Voilà trois ans que j’ai présenté mon projet d’Union arabe, pourquoi n’a-t-il pas été soumis au Sommet ? » « Deux chefs d’État arabes [Arafat et Saddam Hussein] sont
détenus par leurs ennemis, poursuit-il, mais le Sommet ne fait rien. Cela signifie qu’un membre de la Ligue arabe ne peut compter sur ses pairs pour le secourir. » Le colonel paraît pour sa part favorable à une intervention des « armées arabes » en Palestine et en Irak.
« Pourquoi êtes-vous venu ? » lui demande-t-on. Réponse : « Pour faire plaisir au président Ben Ali. ». Sur ce, il s’éclipse. Quatre heures après son arrivée à Tunis, son avion portant le sigle « Al Ifriquiya » (l’Africaine) et le matricule 9.9.99, date de la naissance de l’Union africaine, décolle de l’aéroport de Tunis.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires