Impitoyable terre d’asile

Les candidats africains à l’asile politique augmentent, mais la France les déboute davantage.

Publié le 1 juin 2004 Lecture : 3 minutes.

L’Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a publié le 28 avril son rapport d’activités 2003, qui enregistre une diminution du stock des dossiers en attente d’instruction. Au cours de l’année, 67 000 décisions ont été prises, ce qui porte le délai moyen de traitement à quatre mois environ. Avec l’augmentation des effectifs et de la productivité, l’Office espère abaisser ce délai à deux mois d’ici à juin 2004. Autre élément dont s’enorgueillit l’Ofpra, sa contribution à la mise au point des nouveaux textes sur le droit d’asile, publiés au Journal officiel du 11 décembre 2003.
L’Ofpra a constaté un accroissement global de 2,9 % des demandes par rapport à 2002, sans compter les mineurs accompagnant les réfugiés. Sur la même période, les demandes ont baissé de 20 % dans l’ensemble de l’Union européenne, en particulier au Royaume-Uni et en Allemagne. Il reste pourtant très difficile d’obtenir le statut de réfugié en France, puisque 14,8 % des 52 204 demandes seulement ont été satisfaites. Pour l’Afrique, qui représente le plus grand nombre de demandes avec 23 962 dossiers déposés (devant l’Europe de l’Est, 23 342), on ne compte que 13,3 % de réponses positives.
Environ 56 % des demandeurs d’asile africains sont originaires de cinq nations seulement. Avec 5 311 dossiers en cours, les Congolais de RDC sont les plus nombreux (22 % du total), en baisse cependant de 16 % par rapport à 2002. La mise en place du gouvernement de transition a considérablement amélioré la situation politique – hormis au Kivu et en Ituri. Peu de gens parviennent cependant à quitter ces zones de conflit résiduel, et l’essentiel des candidats à l’asile politique sont kinois. Beaucoup évoquent comme motif de persécution leur militantisme dans un parti d’opposition qui ne participe pas au gouvernement, comme l’UDPS, leur engagement dans des organisations non gouvernementales, ou tout simplement des liens familiaux avec des personnes tombées en disgrâce.Ils sont souvent membres de la police, de l’armée ou de l’administration, et suspects d’opinions hostiles au pouvoir. L’Ofpra a en revanche considéré comme infondées les demandes de membres du Bundu dia Kongo, une organisation politico-religieuse réprimée en juillet 2002 dans le Bas-Congo ainsi que celles d’adeptes de l’Église armée de victoire, dont les locaux ont été saccagés en juin 2003.
Les Algériens sont les plus nombreux après les Congolais à demander l’asile (2 811 dossiers), mais la normalisation de la situation dans le pays a eu pour effet de réduire de façon drastique le nombre de réponses positives : 8 % seulement. Effet inverse pour les Tunisiens : 39 ressortissants ont souhaité obtenir le statut de réfugié politique auprès de l’Ofpra en 2003, 18 l’ont obtenu, soit presque la moitié.
Les demandes mauritaniennes arrivent en troisième position avec 2 512 cas, en baisse de 23 %. Elles proviennent essentiellement de Négro-Mauritaniens qui se disent victimes de discriminations ou de pratiques « esclavagistes ».
Les Congolais côté Brazzaville sont moins nombreux (2 008 dossiers, soit 23 % de moins qu’en 2002). Ce sont souvent des réfugiés de guerre, notamment des femmes ayant subi des sévices. Les hommes sont plutôt des miliciens Ninjas qui affirment avoir été persécutés, des policiers, des militaires déserteurs ou des militants de partis d’opposition, mais leurs récits sont souvent stéréotypés et sujets à caution, selon l’Ofpra.
Seul groupe a avoir plus que doublé (+ 122 %), bondissant au 5e rang : les Ivoiriens. La hausse des demandes, constatée au lendemain des événements du 19 septembre 2002, se confirme. Ce sont en majorité des résidents de la zone Sud, sous contrôle des autorités, qui appartiennent à des ethnies originaires du Nord ou des pays limitrophes. Dioulas, Sénoufo, Malinkés et Mossis invoquent les persécutions ethniques ou politiques.

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