Vieillesse dorée

L’ex-patron d’Exxon va toucher une pension de retraite de 400 millions de dollars. De quoi assurer largement ses vieux jours.

Publié le 2 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Que faire de 400 millions de dollars quand on a 67 ans ? se demande Lee Raymond. Depuis qu’il connaît le montant de sa pension de retraite, l’équivalent de près de dix fois le produit intérieur brut (PIB) de São Tomé, l’ancien patron d’Exxon – il a quitté le groupe le 1er janvier 2006 – est assurément taraudé par cette question. Si l’on considère que l’espérance de vie moyenne d’un homme américain – ce qu’est monsieur Raymond, texan plus précisément – est de 75 ans (d’après l’OMS), il reste huit ans au multimillionnaire pour casser sa tirelire. Le calcul est rapide : tous les ans, il peut allègrement sortir 50 millions de son portefeuille, soit presque 1 million par semaine. En dollars, s’entend. C’est à se demander pourquoi les enfants rêvent d’être pompier. PDG d’une compagnie pétrolière dans les années 2000, c’est mieux. Grâce à un prix moyen du baril supérieur à 50 dollars, Exxon a réalisé des profits records l’année dernière : 36 milliards de dollars. Normal que celui qui a dirigé la maison pendant douze ans, orchestré son agrandissement – le rachat de Mobil en 1999 – et en a fait la première entreprise mondiale en 2005 (en termes de chiffre d’affaires) en profite un peu. C’est le raisonnement du modeste monsieur Raymond, qui touchera donc un salaire de 4 millions de dollars, une prime de 5 millions et 32 millions en actions au titre de son travail de l’année 2005, à quoi il faut ajouter une prime de départ de 98,4 millions et 258 millions de stock-options. Soit très exactement 397,4 millions.
Il y a tout de même quelques ingrats pour trouver ce « parachute doré » disproportionné, voire scélérat. Alors que le baril de brut franchit le cap des 70 dollars, le sénateur démocrate Byron Dorgan a dénoncé, le 18 avril, cette « honteuse manifestation de vénalité » et réclamé un examen par le Congrès ainsi qu’une enquête de l’autorité boursière américaine. Son argument : cette dépense pénalise les actionnaires et les consommateurs. Elle est même la preuve, poursuit le justicier, que « le système de trituration des prix et de manipulation des marchés [] est mis au service de la gloutonnerie de certains individus et de l’avidité des entreprises ». Cette accusation viendra-t-elle troubler les vieux jours de monsieur Raymond ? Prudence ou besoin urgent, le sexagénaire a en tout cas choisi de toucher sa prime en une seule fois.

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