Plan de retrait en quatre points

Publié le 2 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Le temps est venu pour l’Amérique d’adopter un plan de retrait de l’Irak. Le programme en quatre points qui suit pourrait servir de cadre général pour mettre un terme acceptable à la participation des États-Unis au conflit en cours, conflit que l’administration Bush semble également incapable de gagner militairement et de terminer politiquement.
Premièrement, les Américains devraient discrètement demander aux dirigeants irakiens de réclamer publiquement leur départ. La décision de Washington ne devra pas être annoncée unilatéralement mais avec l’aval des dirigeants irakiens. Nul doute que nombre d’entre eux souhaitent le départ des États-Unis, soit qu’ils aient de longue date ouvertement pris position contre l’occupation, soit qu’ils espèrent renforcer leur image en s’associant publiquement à l’opposition générale qu’elle suscite au sein du peuple irakien. D’autres, bien sûr, préféreront ne pas demander aux Américains de partir. Ce sont ceux qui partiront quand nous partirons, ce qui en dit long sur le soutien dont ils bénéficient à l’intérieur du pays.

En deuxième lieu, les gouvernements américain et irakien se consulteraient pour fixer la date de la fin de l’occupation. Je pense que, d’ici à un an, les États-Unis pourraient mener à bien un désengagement ordonné. L’annonce d’une date ferme encouragerait les Irakiens à faire face à leurs responsabilités. Je ne crois pas à l’argument selon lequel l’arrêt d’une échéance aiderait d’une manière ou d’une autre l’insurrection, qui est dispersée et largement spontanée. Terrée dans les crevasses de la société irakienne, elle exploite le chaos et l’hostilité engendrés par l’occupation étrangère.
En troisième lieu, le gouvernement irakien – et non pas le gouvernement américain – devrait alors convoquer une conférence régionale des États musulmans. On pourrait envisager d’y inclure l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, peut-être aussi la Turquie (bien que cela soit délicat à cause du Kurdistan), l’Algérie, la Tunisie et peut-être même l’Iran. Les voisins et amis musulmans seraient conviés à aider le gouvernement irakien à établir et à consolider la stabilité intérieure du pays. Soulignons que cet appel ne saurait venir des États-Unis et qu’il n’aurait aucune chance d’être entendu si l’Irak était encore occupé.

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En quatrième lieu, les États-Unis, au moment de partir, devraient réunir une conférence des pays donateurs : Europe, Japon, Chine et tous les pays qui ont intérêt à voir se stabiliser l’un des principaux exportateurs de pétrole et qui sont disposés à participer directement au financement de la restauration de l’économie irakienne. Cette entreprise aura, elle aussi, d’autant plus de chance d’être productive qu’il sera bien clair que l’occupation américaine a pris fin.
Le gouvernement des États-Unis doit se persuader que son intervention en Irak porte en germe une collision plus large et plus dangereuse entre l’Amérique et le monde musulman, une collision qui, si elle se généralisait, pourrait se révéler catastrophique pour la position globale de l’Amérique. Une Amérique en conflit avec l’ensemble du monde musulman sera une Amérique plus isolée et plus exposée.

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