Mexique, terre d’inspiration pour les écrivains

Publié le 2 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

« Qu’est-ce qui fait du Mexique un des lieux privilégiés du mystère, de la légende, un lieu où le moment même de la création paraît encore proche alors que déjà s’annonce l’autre moment suprême, celui de la destruction du monde ? » se demande Le Clézio (Le Rêve mexicain, Gallimard). La violence de la nature, d’abord : volcans, déserts arides, précipices et canyons, hauts plateaux tellement proches du soleil que l’air se raréfie… La nature violente des hommes, ensuite. Le pays des Mayas et des Aztèques fut longtemps une terre de sacrifices rituels. Crucifix en main, la Conquista y mit fin par des massacres aux airs de génocide. Puis vint le temps des dictatures et des révolutions…

En 1925, trois ans avant de rédiger L’Amant de lady Chatterley, David Herbert Lawrence rapporte du Mexique une vaste épopée sensuelle et mystique, Le Serpent à plumes (Le livre de poche) : « Chaque fois qu’un Mexicain crie Viva, il finit la formule par Muera. Quand je pense à toutes les révolutions mexicaines, je vois un squelette qui marche en tête d’une foule brandissant une bannière noire Viva la muerte ! s’étale en grandes lettres blanches. »
Ce n’est pas un hasard si Au-dessous du volcan (Folio) débute le jour de la fête des morts. Sous la plume de Malcolm Lowry, la mort semble imprégner le pays : « De quelle perpétuelle, de quelle saisissante façon changeait le paysage ! À présent les champs étaient pleins de pierres : il y avait une file d’arbres morts. » Ou encore : « Le bruit d’égorgement en bas dans la cuisine, et plus tard, cette nuit-là, le vautour accroupi dans la cuvette du lavabo… »
On ne saurait réduire le Mexique à la morbidité – mais le culte voué aux danses macabres par sa population permet de comprendre comment elle transcende l’existence. Des écrivains y ont vu l’omniprésence de la religion catholique pervertie par des rites païens précolombiens. D’autres, l’influence des signes de la nature, comme ces rochers en forme d’autel sacrificiel qu’Antonin Artaud découvre sur son chemin. En 1936, le poète s’initie aux effets du peyotl chez des Indiens du Mexique. Il en rapporte des visions qui transformeront son écriture. []

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Dans son sillage, les écrivains de la Beat Generation se rendirent au pays de Moctezuma pour tenter de percevoir le message communiqué par les forces de la nature. William Burroughs et Paul Bowles y ont trouvé l’inspiration en fréquentant les chamans, Jack Kerouac en côtoyant le petit peuple indigène : « La terre est aux Indiens – Je me suis assis en tailleur sur elle, j’ai roulé de grosses cigarettes de marijuana sur la terre battue dans des huttes de branchages, non loin de Mazatlán » (Le Vagabond solitaire, Folio).

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