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Moins de grosses pointures en lice pour la Palme d’or du 59e Festival qui s’ouvre le 17 mai sur la Croisette. Et le retour de l’Afrique dans la compétition.

Publié le 2 mai 2006 Lecture : 3 minutes.

Le plus grand festival de cinéma de la planète entend jouer en 2006 la carte du renouvellement. C’est ce qui ressort en premier quand on examine la sélection de longs-métrages appelés à concourir cette année sur la Croisette pour la fameuse Palme d’or. Alors qu’en 2005, comme d’habitude, de Wim Wenders à David Cronenberg en passant par Lars von Trier ou Jim Jarmush, les « grosses pointures » du septième art étaient très nombreuses à présenter leur dernier film sur l’écran géant du Palais des festivals, elles seront minoritaires dans la compétition qui se déroulera du 17 au 28 mai prochain.
Si un seul détenteur de la Palme – l’Italien Nanni Moretti, présent avec Le Caïman – pourra ainsi espérer rééditer un tel succès, quelques grands noms, bien entendu, tenteront quand même d’ajouter une ligne prestigieuse à leur palmarès. Le grand perdant de 1999, quand il avait été le favori pour la récompense suprême avec Tout sur ma mère, Pedro Almodóvar, fera à nouveau l’événement avec la première de Volver. De même, l’inusable Ken Loach (avec Le Vent se lève) ou le mélancolique Finlandais Aki Kaurismäki (avec Les Lumières du faubourg) viendront défendre les couleurs des « anciens ».
Mais les plus nombreux à monter les célèbres marches seront soit de jeunes auteurs prometteurs, soit des réalisateurs encore relativement peu connus sur la scène internationale. Les plus attendus seront sans doute les Américains Sofia Coppola (avec Marie-Antoinette), Richard Kelly (Southland Tales) et Richard Linklater (Fast-Food Nation), les Mexicains Alejandro González Iñárritu (Babel) et Guillermo del Toro (El Laberinto del fauno), le Turc Nuri Bilge Ceylan (Les Climats), le Français Bruno Dumont (Flandres), le Portugais Pedro Costa (Juventude em marcha) et le Chinois Lou Ye (Summer Palace). Ou encore, ce qui marque une date puisque aucun réalisateur africain n’avait plus été en compétition depuis neuf ans, le cinéaste d’origine algérienne Rachid Bouchareb, qui présentera enfin Indigènes, ce film au casting remarquable (Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem, etc.) et au sujet on ne peut plus brûlant (le sort des soldats issus des colonies et protectorats du Maghreb dans l’armée française au cours de la Seconde Guerre mondiale).
L’Algérie, décidément à l’honneur, sera également représentée, dans la section « Un certain regard », par Rabah Ameur-Zaïmeche, dont le premier film – Wesh-Wesh – avait été très bien accueilli en 2001. Celui-ci montrera Bled Number One, dans lequel il raconte l’histoire d’un Algérien expulsé de France qui redécouvre le monde rural dans son pays quitté depuis l’enfance. L’Afrique aura enfin, dans la sélection officielle des films hors-compétition, un représentant d’importance avec le très célébré Abderrahmane Sissako. Le cinéaste mauritanien (d’origine malienne par son père), après avoir remporté un vif succès en 2002 sur la Croisette avec Heremakono (également Étalon de Yennenga au Fespaco), proposera Bamako, un film jusque-là intitulé La Cour et qui, comme son titre l’indique, se déroule dans une habitation de la capitale malienne.
L’Afrique, même si elle est mieux représentée que les années précédentes, ne sera cependant pas très souvent à l’affiche sur la Croisette, notamment en raison de son absence totale dans les sections parallèles (« Quinzaine des réalisateurs » et « Semaine de la critique »). Elle souffrira en particulier de la décision des sélectionneurs de ne pas retenir cette année de films des deux cinématographies les plus dynamiques du Continent, celles du Maroc et de l’Afrique du Sud.
D’autres pays dont les réalisations avaient le vent en poupe depuis le milieu des années 1990 ou le début des années 2000, comme l’Iran, la Corée du Sud, l’Allemagne ou l’Argentine, seront également absents. Mais sans doute, vu le dynamisme persistant de leur production, ne sont-ils que des victimes temporaires de ce besoin de renouvellement qu’ont ressenti les responsables des diverses sélections. Au profit en particulier des Européens et, côté Sud, de la Chine.

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