À l’écoute des Noirs de France

Témoignages et images d’archives aident à mieux appréhender la complexité des questions liées à l’esclavage et à la colonisation.

Publié le 2 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Le 10 mai 2001 : adoption par l’Assemblée nationale française de la loi Taubira qui marque la reconnaissance de la traite négrière et de l’esclavage comme « crime contre l’humanité ». 10 mai 2006 : Journée nationale de commémoration, pour la première fois en France, de l’abolition de l’esclavage. À cette occasion, la chaîne France 5 diffuse le documentaire Noirs*, une enquête qui tente de répondre aux questions liées à l’esclavage, à la colonisation, aux identités, à la mémoire. Comment s’est fabriquée la représentation des Noirs dans l’imaginaire collectif ? Comment se vit l’intégration de cette communauté au sein de la société française contemporaine ? Le descendant d’un esclave antillais et le petit-fils d’un tirailleur sénégalais, tout en vivant dans le même pays, ont-ils des revendications communes ?
Tourné, sur les traces du commerce triangulaire, aux Antilles, en France métropolitaine et en Afrique, le film de Jérôme Sesquin et Arnaud Ngatcha – lui-même directement concerné par le sujet, car métis de père d’origine camerounaise et de mère française – réunit un casting imposant d’intellectuels, de chercheurs, de militants associatifs et de politiques dont les témoignages, appuyés par des images d’archives inédites, apportent un éclairage fondamental pour mieux appréhender la complexité de la condition noire. Parmi les personnalités qui se succèdent à l’écran, Maryse Condé, présidente du Comité pour la mémoire de l’esclavage ; Christiane Taubira, députée de Guyane à l’origine de la loi du 10 mai 2001 ; Gaston Kelman, auteur de Je suis noir et je n’aime pas le manioc ; Kofi Yamgnane, ancien secrétaire d’État à l’Intégration ; Aimé Césaire, le poète chantre de la négritude ; Abdoulaye Wade, chef de l’État sénégalais
Noirs fait le lien entre passé et présent, et interpelle chaque individu, quelle que soit sa couleur de peau. De Gaston Kelman, qui pense que les Noirs ne doivent pas se laisser enfermer dans le communautarisme, à Aimé Césaire, pour qui la fraternité humaine est impossible « sans la reconnaissance des identités », en passant par Patrick Lozes, du Conseil représentatif des associations noires (Cran), qui estime que la solidarité noire s’enracine dans les discriminations, les protagonistes du documentaire, par leurs différences de perception, prouvent précisément que rien n’est jamais tout noir ni tout blanc.

* Noirs, d’Arnaud Ngatcha et Jérôme Sesquin. Diffusion (hertzien et satellite) : 7 mai à 16 h 55, 10 mai à 20 heures sur France 5 et 12 mai en deuxième partie de soirée sur France 3.

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